La vie moderne à l’heure anglaise

L'ŒIL

Le 29 janvier 2008 - 389 mots

Avis aux amateurs de gravures. Le musée de Boston réunit une centaine d’estampes réalisées entre 1914 et 1945 par des artistes anglais qui cherchèrent à représenter le dynamisme de la vie moderne, l’urbanisation croissante et l’énergie
nouvelle générée par les changements économiques et sociaux de l’époque.

Organisée de façon thématique, l’exposition, qui comprend une centaine d’œuvres signées de quatorze artistes, s’ouvre sur des œuvres rares, issues du « vorticisme », le premier mouvement artistique britannique d’avant-garde. En réaction à la préciosité de l’art victorien, certains artistes modernistes firent appel à des formes dépouillées, sommaires et abstraites pour représenter le mouvement, ou plutôt l’immobilité résultant du mouvement, ce qu’ils appelèrent l’œil du cyclone, le vortex.
Les neuf gravures sur bois de Edward Wadsworth présentées dans l’exposition sont parmi les seuls témoignages du vorticisme, qui prit fin trois ans après sa création. La gravure sur bois intitulée La Fenêtre ouverte (1914) est une œuvre abstraite où des formes géométriques pleines et d’autres quadrillées s’imbriquent, représentant à la fois la pulsation de la ville et le calme de l’intérieur.
En s’inspirant ou en s’opposant au futurisme italien et au cubisme français, ces artistes inventèrent de nouvelles formes de représentation pour théoriser aussi le bruit ou les mouvements de masse. Particulièrement représentative, la lithographie de C.R.W. Nevison intitulée Le Retour aux tranchées (1916), réalisée en pointe sèche, dénonce la guerre industrielle en superposant des silhouettes de soldats anonymes et quasi abstraites. Alors que de nombreuses lithographies en noir et blanc datées de 1914 à 1920 étaient liées à la mécanisation, à la guerre et au travail, celles des années 1930, pour la plupart en couleurs, sont un hommage plus optimiste à la vie moderne, à ses loisirs et à la nature.
Grâce à la linogravure, un procédé de lithographie dans lequel le bloc à graver était en linoléum, les élèves de la célèbre école londonienne Grosvenor créèrent des chefs-d’œuvre d’impression. Extrêmement gaies et optimistes, leurs œuvres parviennent à recréer les envolées lyriques de la musique (Le Concert, Cyril E. Power, 1935) ou encore le rythme presque métaphysique des éléments naturels (Baigneurs, Sybil Andrews, 1930).

Voir « Les rythmes de la vie moderne : lithographies anglaises de 1914 à 1939 », Museum of Fine Arts, Avenue of the Arts, 465 Huntington Avenue, Boston, Massachusetts 02115-5523, (États-Unis), www.mfa.org, du 30 janvier au 1er juin 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : La vie moderne à l’heure anglaise

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