De Limoges à la Californie via Vallauris, treize artistes internationaux s’engouffrent dans la brèche abolissant les frontières passéistes entre arts plastiques et arts appliqués.
À mille lieues d’Adolf Loos écrivant dans Ornement et Crime (1908) avoir « libéré l’humanité de l’ornement superflu », la Fondation Bernardaud mise sur le décoratif pour contrer l’orthodoxie moderniste et rappeler combien le décor peut faire sens. On ne s’en plaindra pas tant l’exposition « Le décor est planté, la céramique cultive la différence » décline avec brio les expérimentations les plus diverses autour de ce matériau afin de poser des questions pertinentes sur l’homme, l’objet et l’ornementation.
En même temps qu’ils laissent libre cours au plaisir de la forme et de la couleur, ces plasticiens s’interrogent sur le médium et son histoire : tradition du trompe-l’œil, travestissement des canons de la sculpture classique, etc. Certains subvertissent ou, a contrario, magnifient les objets du quotidien. Le Français Marc Alberghina choisit l’entre-deux ; ses bustes de faïence blanche, réalisés spécialement pour l’exposition, fusionnent beauté et laideur, prestige et kitsch. Les créateurs les plus épatants ? Certainement ceux qui, comme Susan Beiner, Nathan Craven et Neil Forrest, mènent une réflexion sur la dimension architecturale ou décorative. Leurs œuvres monumentales grouillantes créent un subterfuge spatial troublant : il faut les voir, non pas comme un simple morceau d’architecture décoré, mais davantage comme un décor devenant l’architecture elle-même. Bluffant.
Fondation d’entreprise Bernardaud, 27, avenue Albert-Thomas, Limoges (87), exposition prolongée jusqu’au mois de mars 2012.
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La porcelaine décomplexée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°641 du 1 décembre 2011, avec le titre suivant : La porcelaine décomplexée