La peinture sort ses griffes

Importante rétrospective d’Alex Katz à Bonn

Le Journal des Arts

Le 31 mai 2002 - 542 mots

À la Kunst und Ausstellungshalle
de Bonn, la plus importante rétrospective jamais consacrée à Alex Katz en Europe revient sur le parcours
du New-Yorkais. Référence obligée pour nombre d’artistes, le peintre montre un travail qui relie les premières années du Pop à la peinture des années 1990.

À la Kunst und Ausstellungshalle de Bonn, la plus importante rétrospective jamais consacrée à Alex Katz en Europe revient sur le parcours du New-Yorkais. Référence obligée pour nombre d’artistes, le peintre montre un travail qui relie les premières années du Pop à la peinture des années 1990.
Bonn (de notre correspondant). À soixante-quinze ans, le New-Yorkais Alex Katz a été l’un des pionniers du Pop’ Art. Fluctuant, l’intérêt pour son œuvre est depuis cinq ans à son comble. Cette attention portée à l’ensemble de son parcours s’explique en partie par l’émergence de la jeune peinture des années 1990, portée par des personnalités comme Elizabeth Peyton ou Martin Maloney. Katz est une référence historique obligée pour ces artistes comme le prouve l’importante rétrospective que lui consacre aujourd’hui la Kunst und Ausstellungshalle de Bonn. Des figures, des portraits en gros plan, des paysages silencieux ou des détails d’arbres, tels sont les éléments constants de l’œuvre de Katz depuis 1959.  À travers 75 œuvres, son travail s’inscrit dans un axe idéal reliant le mouvement pop à la peinture contemporaine. Dans le catalogue, Francesco Clemente, Peter Halley et Merlin James se plaisent à dévoiler leurs dettes envers Katz. Mais la plus importante de ces “confessions” est indéniablement celle d’Andy Warhol, qui avait déclaré avoir eu l’idée du premier portrait d’Elvis, en 1961, après avoir vu les figures gigantesques d’Alex Katz.

Pour Key Haymer, commissaire de l’exposition, les œuvres de l’artiste sont “autant de marques apposées par un grand peintre unique, qui s’explorent sans que l’on se perde jamais”. Ada Ada, Paul Taylor, The Black Dress, Trees, Irving and Lucy, Blue Umbrella, Marine 11, les toiles créées durant ces dernières décennies ont en commun des aplats de couleurs brillantes et peu naturelles, ordonnés dans des compositions essentielles et en même temps monumentales. Les portraits, représentant presque toujours des femmes, se détachent sur des fonds monochromes. Ils ne laissent apparaître aucun élément psychologique ou narratif, affirmant la couleur et son développement comme un élément dominant.

La manière d’Alex Katz est indéniablement héritée d’une tradition picturale américaine. Très jeune, il a pu voir des tableaux de Pollock. Pour lui, l’immense spatialité, suggérée par l’amplitude du geste, et l’importance du format les rapprochent des dimensions gigantesques des images publicitaires et cinématographiques. “Pour la première fois, raconte Katz dans un entretien avec David Salles, les tableaux possédaient une vraie énergie.” Pour Heymer, cette énergie se retrouve dans le “fort impact de choc, d’image totale et instantanée” des toiles d’Alex Katz. Emblématique de cette force, Pas de deux (1983) est une œuvre colossale en cinq parties. Chacune représente un couple sur un fond d’un noir intense, qui met en évidence l’immobilité de leurs gestes tout en soulignant la violence du vide. Le même sentiment se répète devant les nombreux paysages marins de l’exposition. Les horizons s’aplatissent sur des vagues transformées en symboles indéchiffrables.

- Alex Katz, jusqu’au 18 août, Kunst und Ausstellungshalle, Museumsmeile, Friedrich-Ebert-Allee 4, Bonn, tél. 49 0228 91 710, tlj sauf lundi 10h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°150 du 31 mai 2002, avec le titre suivant : La peinture sort ses griffes

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