Compiègne (60)

La manie tapissière du Second Empire

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 22 août 2013 - 345 mots

Justement intitulée « Folie textile », l’exposition du palais de Compiègne témoigne de la « manie tapissière » à laquelle succomba la société du second Empire, emmenée par l’impératrice Eugénie et encouragée par l’essor de l’industrie textile et l’ouverture des grands magasins parisiens.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les intérieurs se couvrent d’étoffes jusqu’au plafond, comme en témoigne le salon de la princesse Mathilde à Saint-Gratien sur une huile de Charles Giraud (1867). Les fauteuils à capitons comme les vastes crinolines réclament un métrage toujours plus important de tissu. Les motifs, touchés par l’historicisme qui sévit en architecture, rivalisent d’audace dans leurs inspirations néogothiques, néo-XVIIIe et japonisantes.

Séduisante par la beauté du mobilier impérial et les robes de l’entourage d’Eugénie présentés, l’exposition l’est aussi par son propos technique et pédagogique. Les livres ouverts des grandes manufactures conservent le secret des couleurs. La course à la nouveauté fait éclore de nouvelles teintes artificielles. La mode est aux couleurs acides et aux combinaisons étonnantes de vert émeraude et de rouge cramoisi. Le jaune vif du chromate de plomb que l’on retrouve dans le fauteuil dit « le confident » du Salon de famille de Compiègne est employé à partir de 1832 pour le textile. Préférence de l’impératrice, le violet de l’aniline est rapidement commercialisé sous le nom de « mauvéine » après sa découverte en 1856.

Vitrine de cette inventivité technique, les Expositions universelles de Londres de 1851 et 1862 présentent les meilleures réalisations des manufactures européennes, à l’image de ce taffetas lyonnais brodé de velours de soie à effet de dentelle en trompe-l’œil. Une excellence qui se perpétue aujourd’hui dans le travail des maisons contemporaines comme Le Manach et Declercq. Par le retissage d’un damas vert émeraude et la confection d’une nouvelle passementerie or, celles-ci ont rendu tout son éclat au lit à colonnes du palais de l’Élysée présenté pour la première fois depuis sa restauration comme point final de l’exposition.

Infos pratiques

« Folie textile », jusqu’au 14 octobre 2013, musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne, place du Général-de-Gaulle, Compiègne (60), www.musee-chateau-compiegne.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : La manie tapissière du Second Empire

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