Paris 16e

La Corée en trois expositions

Musée Guimet jusqu’aux 25 janvier, 14 mars et 22 février 2016

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 23 septembre 2015 - 571 mots

Cet automne, le Musée national des arts asiatiques s’associe à la saison France-Corée 2015-2016, qui célèbre les 130 ans des relations diplomatiques entre les deux pays.

Pour l’occasion, trois expositions sont au programme pour découvrir la spécificité de la Corée, finalement peu connue, et qui n’est ni la Chine ni le Japon, explique la directrice de l’institution, Sophie Makariou, qui souhaite aussi donner une plus grande place à l’art contemporain. Ainsi, les deux premières expositions, qui ont déjà ouvert leurs portes, font la part belle à la Corée actuelle et à ses artistes vivants.

Carte blanche a été donnée à l’incontournable Lee Bae dans la rotonde au sommet du bâtiment. Six imposants fagots de morceaux de charbon ficelés sont posés sur un sol marouflé de papier blanc, laissant la trace de leur installation. Le charbon, ce matériau brut issu du feu et du bois, est aussi « un produit de notre culture », raconte Lee Bae, à l’origine de l’encre utilisée traditionnellement ou, plus spécifiquement, créé par un rite lors de la cérémonie coréenne qui consiste à « brûler la maison de la lune » pour célébrer le Nouvel An. Une tour de quinze mètres de haut de branches de pin accueillant des vœux est alors enflammée. L’artiste du contraste est un élève du mouvement abstrait et minimaliste Dansaekhwa, où la répétition lente du geste est également primordiale et mise en œuvre dans les deux toiles exposées à proximité des fagots, et où la frontière entre noir et blanc s’estompe par un travail de superposition de couches de peinture. Non loin de cette installation réalisée in situ, une œuvre plus ancienne, offerte par l’artiste au musée, dévoile des noirs tantôt irisés, tantôt mats, dans une marqueterie de charbon.

La deuxième exposition est consacrée à l’art du textile et, en filigrane, à la place historique des femmes dans la société coréenne. Elle prend place dans l’hôtel d’Heidelbach, à quelques pas sur le boulevard Iéna, qui devrait à l’avenir devenir un espace de rotation pour les collections du musée. Pour le moment, la demeure du XIXe siècle reçoit l’exceptionnel travail de couture et de broderie de l’artiste In-Sook Son, pour la première fois exposée hors de Corée. Reprenant la tradition maternelle, elle s’est émancipée des codes de cet artisanat assigné aux femmes, en adaptant, par exemple, le costume traditionnel hanbok à la vie réelle et aux corps, ses motifs et ses couleurs à la mode. Pour cette présentation à Paris, l’artiste a prêté ses fils de soie qu’elle fabrique et teint elle-même, un canevas sur lequel un travail est en cours et des costumes, ainsi qu’une sélection d’accessoires.

Quelques-uns de ses meubles ont même fait le voyage : entre les motifs sculptés en bois, elle eut l’idée un jour d’ajouter de la broderie imitant une peinture, technique appelée « silgrim ». Le résultat est époustouflant. In-Sook Son a néanmoins refusé de devenir Trésor national vivant pour conserver sa liberté de créer en dehors d’une tradition contraignante, vieille de cinq siècles et principalement élaborée lors de la période Choson (1392-1910). Celle-ci sera l’objet de la dernière exposition, la plus historique de la saison, à partir du 14 octobre. Près de 130 œuvres de la collection de peinture et de paravents du musée présenteront différentes thématiques comme le paysage, le confucianisme, le monde des lettrés et la particularité des caractères coréens. Une manière également de raconter l’histoire de ce fonds initié dès le début des premières relations diplomatiques avec ce pays d’Extrême-Orient.

« Carte blanche à Lee Bae », « Intérieur coréen, œuvres de In-Sook Son » et « Tigres de papier. Cinq siècles de peinture en Corée », Musée national des arts asiatiques-Guimet, 6, place d’Iéna, Paris-16e, www.guimet.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°683 du 1 octobre 2015, avec le titre suivant : La Corée en trois expositions

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