Art moderne

Saint-Paul de Vence (06)

La comédie humaine dans la collection Maeght

Fondation Marguerite et Aimé Maeght - Jusqu’au 11 mars 2018

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 12 février 2018 - 320 mots

Grandeur et servitude, voici une exposition qui témoigne avec entrain de la diversité humaine. Les thèmes s’enchaînent au fil des espaces : regards, corps, labeur et festivités, mécaniques et géographies humaines, jeux et théâtres, villes et villages, rêves, inquiétudes, excès et débordements, pour se terminer dans une vaste salle abordant les territoires du silence et de la solitude.

Au centre de celle-ci se dressent Femme debout et Homme qui marche, deux grands bronzes d’Alberto Giacometti. « Chacun a l’air d’aller pour soi, tout seul, dans une direction que les autres ignorent », confiait le sculpteur en 1961. D’autres grands noms, entre autres Francis Bacon, Joan Miró, Germaine Richier, Marc Chagall, Georges Braque, Pierre Tal-Coat, Henri Matisse, en tout cinquante artistes dont trois femmes, offrent aux regards une approche renouvelée de la collection historique de la Fondation Maeght.

L’accrochage réserve aussi des découvertes d’une densité parfois poignante. Cinq dessins à l’encre de Chine d’Anne Tréal-Bresson (née en 1944 au Sénégal), aux titres explicites (Lieux de mort n°2- Le Malheur, 1991 ; Figure-mère, 1975-2007), constitués d’innombrables et minuscules corpuscules graphiques, apparaissent comme de terribles et cependant hyper raffinées empreintes des intranquillités d’une femme aujourd’hui encore nullement apaisée. « Tout est indécent dans notre façon d’être : ouvrir le corps, c’est libérer l’âme, c’est torturer les affects, c’est clôturer l’inclôturable, c’est libérer les chairs, c’est leur faire respirer le soleil, c’est leur redonner la vie, c’est descendre au tréfonds des affres qui me dévorent et remonter dans du vivant… Seul mon corps m’identifie, corps phallique baigné dans ce liquide rouge circulant », témoignait l’artiste lors d’une performance à la Villa Arson en 2012.

Dans cette même salle dédiée aux « excès et débordements », les dessins de formes et de silhouettes sibyllines de Wolfgang Gäfgen (né en 1936 à Hambourg), ou les Semaine d’amour de Titi Parant (née en 1947), empreintes sur papier goudronné des infinis du temps et du sentiment amoureux, surgissent également comme de vifs témoignages humains.

informations

« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? »,
Fondation Marguerite et Aimé Maeght, 623, chemin des Gardettes, Saint-Paul-de-Vence (06), www.fondation–maeght.com

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : La comédie humaine dans la collection Maeght

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