Art ancien

XIXE-XXE SIÈCLES

La collection Mellon bat la campagne

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 31 octobre 2018 - 547 mots

Censée évoquer la vie en villégiature, une sélection de tableaux de la collection Mellon mêle sans vraiment de fil directeur un peu de canotage et de vie au grand air à beaucoup de chasse et de courses hippiques.

Paris. Collectionneurs mythiques, les Mellon – Paul (1907-1999) et Rachel, dite Bunny, (1910-2014) – ont fait bénéficier de leurs largesses le Virginia Museum of Fine Arts (VMFA) de Richmond (Virginie) qui leur doit quelques-uns de ses trésors, œuvres de Manet, Renoir ou Van Gogh. Paul Mellon, nostalgique du british way of life et excellent cavalier, était passionné de chasse à courre au renard et avait un goût particulier pour les représentations de chevaux. À l’occasion de travaux nécessitant la fermeture de sa Galerie Mellon, le VMFA a fait voyager à Paris une sélection de la British Sporting Art Trust Collection accompagnée de quelques œuvres françaises sur le thème de la vie au grand air, avec le Musée de la chasse et de la nature pour destination. Malheureusement, on ne peut pas dire que ces 41 tableaux forment un ensemble très cohérent.

Dans une jolie scénographie reconstituant une écurie, les œuvres accrochées aux parois des stalles représentent pour la plupart des chevaux. Le plus remarquable est Jockey montant un cheval de course (1821-1822) de Géricault. Dans cette toile monumentale malgré sa petite taille, un magnifique pur-sang piaffe, débordant d’une énergie que son cavalier l’aide à concentrer avant la course. Devant le couple se dresse un poteau de départ et rien, dans le paysage sommaire sous un ciel changeant, ne vient distraire le regard du spectateur de la grâce de ce moment.

Paul Mellon avait indiscutablement l’œil pour choisir les scènes équestres et de chasse. En témoignent encore Cheval bai-brun à l’attache (1823 ?) de Delacroix, Jockey en bleu sur un cheval alezan (vers 1889) et Aux courses : avant le départ (vers 1880-1890) de Degas, Shark avec son entraîneur Price [voir illustration ci-contre] (vers 1790) de Stubbs et les toiles de Benjamin Marshall (1768-1835) ou d’Alfred James Munnings (1878-1959). Il y a là un tableau fameux de Francis Grant : L’Équipage de Melton Mowbray prêt à fouler le Ram’s Head Cover (1839). Rassemblant les portraits de notables, il a été reproduit pour une célèbre gravure détaillant les noms des personnages. On voit mal en revanche la nécessité d’adjoindre à ces œuvres les scènes naïves présentées en début d’exposition ni surtout, en fin de parcours, les toiles montrant « l’espace rural […] investi par la petite bourgeoisie », selon le texte de présentation. Même si les noms de leurs auteurs peuvent attirer le public, Canotier rapprochant sa périssoire (1878) de Caillebotte, Champ de coquelicots à Giverny (1885) de Monet, Les Meules (vers 1904-1905) de Van Dongen ou la charmante Étude pour Madame Newton et un enfant au bord du bassin (vers 1877-1878) de Tissot n’ont rien de commun avec le reste de l’exposition.

Il aurait été plus logique – et, pour le musée d’accueil, plus en accord avec ses collections – de s’en tenir aux thèmes des chevaux et de la chasse. La riche donation Mellon regorge de bronzes (de Fratin, Cuvelier, Barye, Mêne, Frémiet, Dalou, Rosa et Isidore Bonheur, Degas…) ou de dessins (de Gilpin, Hayter, Alken, Seymour, Vernet, Géricault, De Dreux, Toulouse-Lautrec, Forain, Degas, Seurat ou Princeteau) qui auraient parfaitement convenu.

Country Life, Chefs-d’œuvre de la collection Mellon,
jusqu’au 2 décembre, Musée de la chasse et de la nature, 62 rue des Archives, 75003 Paris.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°510 du 2 novembre 2018, avec le titre suivant : La collection Mellon bat la campagne

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque