Art contemporain

La Base sous-marine de Bordeaux rouvre avec une exposition digitale de Miguel Chevalier 

Par Alexia Lanta Maestrati · lejournaldesarts.fr

Le 14 mars 2018 - 905 mots

BORDEAUX

La base construite par les nazis et transformée en centre d’art a profité de sa fermeture hivernale pour réaménager ses espaces.

Digital abysses 2018, Miguel Chevalier, base sous-marine à Bordeaux
Miguel Chevalier - Exposition « Digital Abysses », Base sous-marine, Bordeaux Installation de réalité virtuelle générative et interactive Musique : Michel Redolfi 5 projections de 5,80 x 3,60 m Logiciel : Claude Micheli
Courtesy Miguel Chevalier

Aujourd’hui consacrée à la création contemporaine, la Base sous-marine de Bordeaux a réouvert jeudi 8 mars 2018 avec l’exposition immersive Digital Abysses de Miguel Chevalier. Ses espaces ont été réaménagés pendant sa fermeture hivernale d’octobre 2017 à mars 2018.

L’exposition démarre sur une note haute ; le soir du vernissage, gratuit et ouvert au public, 2 300 personnes se sont rendues sur les lieux ou un DJ animait la soirée. Des lieux qui  n’ont pas désempli pendant le week-end, avec un temps d’attente le samedi de 45 min. 

Digital Abysses est une expérience immersive qui emmène les visiteurs dans un dédale de pièces sombres, illuminées par le travail interactif et hypnotisant du pionnier de l’art numérique et digital Miguel Chevalier. Les expérimentations sont diverses passant par les Cabinets de Curiosité présentant des oeuvres inspirées des micro-organismes réalisés en impression 3D, Pixel Liquide l’oeuvre évolutive qui interagit avec le public, ou encore Nouvelle Atlantide la ville imaginaire que le spectateur peut faire défiler. Miguel Chevalier explique au Journal des Arts : « Cette exposition n’est pas une rétrospective comme j’ai pu l’entendre dire mais le parcours d’une oeuvre en élaboration, qui change avec le temps. »

Son travail s’inscrit dans l’interactivité et la « générativité », certaines oeuvres ne sont jamais tout à fait les mêmes. « Il y a une part très colorée, et un aspect ludique, mais il y a également l’idée que l’art est un facteur pour prendre conscience. » ajoute-t-il. Centré autour du thème de la biologie marine, Digital Abysses mène une réflexion sur la fragilité de ce milieu et la nécessité de le préserver.
 
Sabrina Daniel Calonne, chef de service arts visuels, design, cinéma à la direction générale des Affaires culturelles de la Ville de Bordeaux, en charge de la programmation de la Base sous-marine, explique au Journal des Arts :  « il s’agit aussi d’offrir une clef de lecture de ce que l’on appelle l’art numérique, avec un des premiers noms qui a travaillé sur les technologies comme matière première ». Pour Sabrina Daniel Calonne, « les arts numériques ne sont pas un axe figé de la Base sous-marine mais constituent un médium intéressant pour travailler à l'échelle architecturale et à l'échelle du lieu.»

L’artiste a passé un an et demi à préparer cette exposition. « Je n’avais jamais eu un tel espace pour exposer. Cela m'a permis de montrer la diversité qu’offre le digital aujourd’hui. » explique-t-il, « les contraintes sont complexes, c’est un lieu très grand, très fort architecturalement, un peu brutaliste. Mais l’univers très obscur de la Base permet de développer des projets avec des projections et des lumières, le lieu se prête au numérique. Le clou de l’exposition est la dernière pièce [qui présente Digital Abysses et Fractal Seaweeds] de la taille d’une piscine olympique. Elle n’existait pas avant car elle était scindée en deux, c’est la première fois qu’on voit cet espace dans sa globalité. » ajoute-t-il. Cet espace constitue la partie la plus importante des travaux de réaménagement, confiés au cabinet d’architectes Dugravier / Sémondès (*) et d’un budget total de 420 000 euros. 

La base sous-marine de Bordeaux transformée en espace culturel
La base sous-marine de Bordeaux transformée en espace culturel
Photo P. Charpiat - 2007

Construite par les nazis entre 1941 et 1943, la Base sous-marine a une superficie totale de 42 000 m2, dont 3 500 m2 sont dévolus aux expositions. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le lieu fut reconverti, d’abord en  abritant un musée de plaisance. Depuis les années 2000 sa programmation se concentre sur la création contemporaine. La Base sous-marine est un espace municipal géré en direct par la mairie et qui abrite trois expositions par an d'environ quatre mois chacune. Le lieu a accueilli 75 000 visiteurs en 2015 et en 2016, et  50 000 en 2017 (la Base a fermé plus tôt pour commencer les travaux de réaménagement). 

Le budget de fonctionnement du lieu est de 200 000 € par an dont 102 000 € sont dédiés à la programmation. Le reste sert à assurer le fonctionnement du lieu. Pour Sabrina Daniel Calonne il s’agit d’un  « petit budget, très modeste, mais avec laquelle nous arrivons à faire de grandes choses. Nous essayons de travailler en synergie avec des partenaires culturels et privés. Nous misons sur le mécénat en nature ou en compétence pour répondre aux besoins liés aux expositions. Par exemple pour l’exposition Miguel Chevalier, c’est l’entreprise Epson qui nous a accompagné avec le prêt de vidéo projecteurs. » 

La Base sous-marine est située dans un quartier en plein renouvellement dont l’offre culturelle se développe rapidement. « Le quartier devient touristique. La Cité du vin est en place, le Musée de la mer et de la marine, ouvrira en juin prochain, un cinéma UGC va ouvrir, un complexe hôtelier. La Base sous-marine vient s’articuler dans ce paysage avec cette double spécificité d’être à la fois un élément de proximité et de répondre à la demande d’un public plutôt touristique. L’idée est de développer des partenariats avec les grands institutions culturelles de la ville . Nous avons commencé à travailler avec l’iboat. Ce qui nous permet de diversifier et de croiser nos publics » explique Sabrina Daniel Calonne.

ERRATUM - 15 mars 2018

Nous avions écrit par erreur que les travaux de réaménagement de la Base sous-marine avaient été confiés à l'architecte Nicolas Michelin, et c'est en fait au cabinet d’architectes Dugravier / Sémondès.   

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