Toulouse

Kirchner, Grosz, Nolde et les autres

Graveurs expressionnistes allemands

Le Journal des Arts

Le 1 février 1995 - 508 mots

Le Musée des Augustins, associé à l’Institut Goethe de Toulouse, accueille une série de cent vingt et une estampes expressionnistes allemandes. Organisée par l’Ins­titut des relations extérieures de Stuttgart (IFA), cette exposition itinérante sera également montrée à Aix-en-Provence, Strasbourg, Tourcoing, Bordeaux et Colmar, premières étapes françaises d’une tournée mondiale, débutée en 1969...

TOULOUSE - Commencé en Hollande au début des années soixante-dix, poursuivi en Iran (71), en Australie (75), en Inde (76) et aux États-Unis (73 et 78), puis en Europe, en Chine (81-82), et plus récemment en Russie et dans les pays de l’Est, le tour du monde entrepris par cette exposition peu commune n’avait, curieusement, jamais encore fait escale en France.

De Kirchner à Heckel, en passant par Klee, Nolde, Kandinsky, Beckmann, Rohlfs ou Müller, une large palette d’œuvres originales a été ici réunie. Acquises grâce aux fonds alloués à l’IFA par le ministère des Affaires étrangères allemand, ces estampes offrent un panorama très complet d’un courant graphique dont l’impact sur les arts de l’avant-garde, dans l’Allemagne des années 1910, fut considérable.

Bien plus qu’un simple outil, la gravure, comme l’affirme Anne-Marie Dube-Heynig dans l’introduction du catalogue, fut "l’essence" même du mouvement expressionniste allemand. À l’instar des primitifs allemands, de Cranach, de Beham, et surtout de Dürer, Ernst Ludwig Kirchner, Eric Heckel et Karl Schmidt-Rottluff, fondateurs du groupe Die Brücke, allaient faire de l’estampe leur mode d’expression privilégié. Désireux d’atteindre aux effets les plus dépouillés et les plus crus, c’est sur la gravure sur bois – la plus expressive entre toutes – qu’ils jetèrent leur dévolu.

Celle-ci régna en maître entre 1910 et 1920, laissant épandre et crisser, sous des traits acerbes, saillants et grimaçants, taillés profondément à la gouge, leur révolte, leur rage et leurs obsessions.

Le nombre très important de xylographies, mais aussi d’eaux-fortes et de lithographies produites par Kirchner et ses acolytes, suffit à prouver l’importance que revêtait la gravure pour les membres du groupe de Dresde, et bientôt pour ceux du Blaue Reiter. N’est-ce pas d’ailleurs sur une plaque de bois qu’en 1906, Kirchner grave le manifeste du groupe ? "(...) Sont des nôtres tous ceux qui traduisent directement et sans le fausser ce qui les pousse à créer...

La volonté qui pousse l’artiste à la gravure, affirmait Kirchner, est peut-être en partie une recherche pour donner à la forme plus libre du dessin une forme plus aboutie, solide, définitive. (...) Il n’existe aucun domaine qui permette de mieux connaître un artiste que dans son œuvre gravé."

"L’estampe expressionniste allemande", Musée des Augustins, Toulouse, du 13 février au 26 mars, ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 17 h, nocturne le mercredi jusqu’à 21 h ; Aix-en-Provence, Musée des tapisseries, du 7 avril à fin mai ; Luxembourg, du 1er juin au 9 juillet ; Strasbourg, de septembre à la mi-octobre ; Tourcoing, Musée des beaux-arts, du 25 octobre au 20 décembre ; Bordeaux, du début janvier à la mi-février 1996 ; Colmar, d’avril à mai 1996.

L’exposition à Toulouse sera accompagnée d’un festival de cinéma expressionniste allemand, du 26 février au 5 mars (cinémathèque de Toulouse).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : Kirchner, Grosz, Nolde et les autres

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