Jean Rustin, la force du regard

L'ŒIL

Le 1 octobre 1999 - 224 mots

Les occasions de voir des œuvres de Jean Rustin à Paris sont excessivement rares. En attendant la grande exposition que lui consacrera la Halle Saint-Pierre en l’an 2000 ou 2001, les amateurs ne rateront pas la lecture en public du livre de Daniel Hachard, La chair, illustré d’une très belle lithographie de Rustin. Le comédien Xavier Florent lira des extraits de cet hymne à la chair, dans une scénographie reposant à la fois sur l’éclairage de plusieurs tableaux de l’artiste, posés sur des chevalets, et sur les interventions de la soprano Françoise Vanhecke qui jouera, pour l’occasion, du piano. Le caractère « scandaleux » de cette peinture explique en partie son peu de visibilité sur la scène artistique française, peu d’institutions ayant le courage de la montrer. Ce scandale est lié, non à la forme (c’est une peinture relativement classique, et d’une facture admirable), mais au sujet. Rustin peint des hommes et des femmes murés dans une solitude tragique, coupés de tout lien social, et réduits à leur être de chair. Ces personnages exhibent leur sexualité, et nous regardent. C’est cela sans doute qui rend ces tableaux si violents. Ces regards trouent la toile et vrillent notre conscience d’exister.

PARIS, Halle Saint Pierre, le 21 octobre à 19h30. Daniel Hachard, La chair, éd. Frédérique Ventos/éd. courante, 150 F, éd. de tête : 900 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°510 du 1 octobre 1999, avec le titre suivant : Jean Rustin, la force du regard

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