Jean-Luc Moulène

De l’image à la pratique

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 23 janvier 2009 - 390 mots

On le savait photographe et voilà qu’il dévoile un autre aspect de sa production.

En même temps qu’une trentaine de photographies, Jean-Luc Moulène présente en effet au Carré d’Art à Nîmes tout un ensemble de dessins et de volumes qui n’ont cessé d’accompagner sa pratique photographique. C’est que l’image est au cœur de la démarche de l’artiste et que, par-delà la question des catégories propres aux beaux-arts, celui-ci s’intéresse à « déconstruire les paramètres sociaux, économiques et esthético-historiques qui encadrent toute production d’images », comme l’écrit Françoise Cohen, commissaire de l’exposition.
Nus, portraits, natures mortes, paysages, etc. Au seul énoncé des genres pratiqués par le photographe apparaissait déjà une certaine ambiguïté dans son rapport au sujet. D’autant que l’artiste la cultivait en multipliant les jeux de décalage du réel soit par un détournement du sens, soit par une transformation de l’échelle, soit par un glissement formel entre réalité et sur/réalité. Quelque chose d’une « opposition entre l’idéal et la condition » gouverne son travail dont il affirme qu’il est « concrètement le lieu de ce conflit ». 
Si les œuvres rassemblées à Nîmes datent des années 1977 à 2008, l’accent est plus particulièrement mis sur les huit dernières années. Toutefois, l’intérêt de l’accrochage est de les mettre toutes au même niveau de sorte que ressort d’autant mieux la préoccupation récurrente de l’artiste. L’espèce de distanciation appuyée avec laquelle Jean-Luc Moulène s’empare de chacun des sujets qu’il aborde en libère non seulement le contenu mais en révèle le sens complexe.
Sa façon d’insister sur le fait que « si l’espace d’action était cette zone du quotidien au départ », il pense « qu’aujourd’hui ce qui est devenu le lieu de réalisation, c’est le travail lui-même ». C’est dire si ce qui l’intéresse dans l’image, voire l’objet, ce sont les fonctions de transformation qui les règlent et, en toute chose, ce qui en organise l’ordre, les construit.
Les photos, les dessins et les objets que l’exposition nîmoise offre à voir semblent ainsi avoir été réunis comme si celle-ci s’appliquait à mettre en exergue l’idée de « produire un objet quelconque avec exactitude », pour reprendre la parole de l’artiste. Comme s’il s’agissait de montrer davantage des pratiques que des images.

A voir

« Jean-Luc Moulène », Carré d’Art – Musée d’Art contemporain, place de la Maison-Carrée, Nîmes (30), jusqu’au 3 mai 2009, http://carreartmusee.nimes.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°610 du 1 février 2009, avec le titre suivant : Jean-Luc Moulène

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