Inattendue Égypte antique

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 23 avril 2008 - 354 mots

C’est un panorama hautement surprenant de l’art égyptien qui émerge des découvertes récentes révélées au public dans l’exposition « Offrandes aux dieux d’Égypte » visible à la fondation Pierre Gianadda à Martigny après avoir été présentée au Metropolitan Museum of Art de New York.

Le public y découvre des œuvres fascinantes, quelque soixante-dix statues et statuettes en métaux précieux et en alliage cuivreux (bronze) créées durant une période de plus de deux millénaires. Les grandes statues de pierre caractéristiques de l’art égyptien ne sont nullement remises en cause, mais on découvre une infinité d’autres œuvres créées parallèlement, avec des moyens nouveaux, des métaux, pour un public pratiquant d’autres formes de cultes.
Quelques statues métalliques datent du Moyen Empire (2040-1650 av. J.-C.), comme la délicieuse effigie de la Princesse Sobeknakht allaitant son fils, mais la majorité des œuvres a été créée durant la Troisième Période intermédiaire (1070-664 av. J.-C.) qui correspond à l’apogée de la métallurgie égyptienne. Une technologie sophistiquée fondée sur l’usage subtil des alliages permet alors de jouer sur toutes les nuances de la matière.
À quel culte correspondaient ces statuettes ? Bien que de très nombreuses énigmes subsistent, quelques détails suggèrent des cultes populaires. Il s’agit peut-être des drames rituels représentés dans les temples et les sanctuaires. Il pourrait aussi s’agir des processions où se pressaient les croyants célébrant les fêtes à travers villes et campagnes. Participant à la ferveur populaire, certaines statues prenaient parfois place dans des reliquaires en forme de barques, portés par des prêtres.
On sait par d’anciens textes que les statuettes étaient nourries et habillées lors de rites religieux. On les protégeait des dangers de la nuit. On leur offrait des bijoux, comme le Pectoral miniature visible dans l’exposition ou certains petits bracelets et colliers en or fabriqués à leur intention. Par la suite, elles ont été soigneusement déposées et pieusement enterrées par milliers sous des temples dans de grands dépôts rituels. Évocations de prêtresses, de dieux ou de rois, elles restent les mystérieux témoins d’un monde disparu.

Voir

« Offrandes aux dieux d’Égypte », fondation Pierre Gianadda, 59, rue du Forum, Martigny (Suisse), www.gianadda.ch, jusqu’au 8 juin 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°602 du 1 mai 2008, avec le titre suivant : Inattendue Égypte antique

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