Immersion en terres minimalistes

En revanche, ce qui distingue l’exposition de Valence est non seulement qu’elle réinterroge la problématique, mais aussi qu’elle la vérifie à l’appui de trois artistes que l’on ne s’attendrait pas à trouver réunis. Le mérite en revient donc à Dorothée Deyriès-Henry, conservateur au musée et commissaire de l’exposition.

Le choix qu’a fait cette dernière de rassembler les peintures flamboyantes et agitées de l’Allemand Franz Ackermann, les sculptures mouvantes et impénétrables de la Française Élisabeth Ballet et les environnements sensoriels et lumineux de l’Américain James Turrell, orchestre un parcours quasi initiatique du meilleur effet. Il oblige le visiteur regardeur à appréhender l’espace dans lequel il circule en rejouant ses fondamentaux perceptifs dans une relation réciproque d’accaparement sensible. 

Parce que le propos de cette exposition hors les murs est de nous perdre visuellement dans l’espace, de frôler les œuvres, de s’en imprégner, pour enfin marcher dans la couleur, elle est le vecteur d’une expérimentation rare et salutaire. Il y va d’une dimension tout à la fois ludique et poétique qu’excède le plaisir mêlé et toujours puissant de la forme simple et de la couleur pure. Que la recette ait été moult fois vérifiée et qu’elle ne soit pas usée témoigne de la singularité de l’offre d’une telle « immersion ».