I. S. Schiller, une vision éblouie

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 janvier 2004 - 323 mots

« Et Dieu créa l’homme à sa propre image... » lit-on dans la Genèse. En vérité, le terme d’image est totalement inapproprié. Dans la langue de la Bible, il est écrit que Dieu créa l’homme à son propre… « Tselem ». Ce mot désigne un certain système génétique de l’espace, une unité spécifique très évoluée. Dieu créa le principe d’Adam dans son propre Tselem en le formant de la poussière de la terre et du souffle dans ses narines, le souffle de la vie. C’est en se plongeant dans les grands textes que l’artiste Iris Sara Schiller fit la découverte de ce mot. Plus simplement, on dit qu’il désigne une gaine subtile, tissée avant la naissance au paradis, qui enveloppe l’âme, évolue en fonction de la faculté de bonté de l’être sur terre et l’accompagne jusque dans l’au-delà. C’est dire s’il s’agit là d’un concept qui renvoie à l’aube d’une humanité, à des temps immémoriaux. C’est après ceux-ci qu’aspire l’œuvre de cette artiste d’origine israélienne présentée au musée Picasso d’Antibes. À première vue, ce qui frappe, c’est que tout y est d’une blancheur immaculée. Sculptures, vidéos, dessins et photographies en appellent en effet à une qualité diaphane qui semble sourdre d’une « intense nostalgie génésique » (Jean-Louis Andral, commissaire de l’exposition). Formes humaines et organiques sont chez Schiller mises en jeu dans toutes sortes de dispositifs et de rituels qui accordent à la matière une place primordiale. L’empreinte y est l’un des modes privilégiés de l’artiste, qu’il s’agisse d’images superficielles ou de fragments de corps moulés.
Ici et là, tout semble être orchestré pour parler d’une forme d’absence/présence, d’un être au monde sublime, puisque rien n’y paraît de contingent. Tout y est de l’ordre d’une épiphanie, dans le suspens d’une vision éblouie.

« Iris Sara Schiller – Une fille est une fille est une fille d’une fille », ANTIBES (06), musée Picasso, Château Grimaldi, tél. 04 92 90 54 25, 25 oct.-25 janvier 2004.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°554 du 1 janvier 2004, avec le titre suivant : I. S. Schiller, une vision éblouie

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