Huit plasticiens hors des sentiers battus

Formellement, aucune. Il n’y a rien de plastiquement comparable entre une plume de Louis Pons (né en 1927), une boîte de Ronan-Jim Sévellec (né en 1938) et une photo de cabane de Richard Greaves (né en 1952) prise par le photographe Mario Del Curto (né en 1955). Ce qui réunit ces artistes est bien plus important que toute considération formaliste : c’est un souverain souffle d’inventeur de présences formelles. Loin des systèmes et des sentiers rebattus, chacun a suivi un parcours intrigant, avec des propensions certaines à ne pas réaliser ce que l’on attend ordinairement d’un artiste.

La magistrale intensité de l’Auto-portrait à Nuremberg (1997), une grande huile sur toile de Dado (1933-2010), ou ses pointes sèches de 1982, nous confrontent à l’une des plus puissantes vitalités créatrices de ces cinquante dernières années. Entre épouvante et grâce énigmatique, les photographies d’Anémone de Blicquy (née en 1973) plongent dans des abîmes d’inquiète perplexité. Et que dire de Judith Scott (1943-2005), si ce n’est qu’elle a su construire d’improbables volumes entourés de fils de laine, sortes de cocons stupéfiants de mystérieuse présence organique, ou magique ? Seuls les très obsessionnels dessins à la mine de plomb de Davor Vrankic (né en 1965), confrontés à de telles virulences, apparaissent en retrait, d’un formalisme affecté.