Paris-16e

Henri Rouart - Un homme de qualité

Musée Marmottan-Monet - Jusqu’au 11 novembre 2012

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 9 octobre 2012 - 413 mots

Henri Rouart (1833-1912) fut un ingénieur ingénieux, un industriel brillant auquel on doit plusieurs brevets, un collectionneur et mécène parmi les tout premiers, et, excusez du peu, un bon peintre impressionniste.

Dans cette dernière discipline, il fut certes moins célèbre que ses illustres pairs, mais il a tout de même accompagné l’histoire de l’impressionnisme. À l’occasion du centenaire de sa mort, le Musée Marmottan-Monet lui consacre donc sa première exposition monographique.

Durant ses études au lycée Louis-le-Grand, Rouart a pour condisciple Edgard Degas, qui deviendra son ami le plus cher. Ils se verront chaque semaine jusqu’à la fin de leur vie. C’est du reste sur l’insistance de ce dernier qu’il expose sa peinture au Salon avec le courant impressionniste et participe à la plupart de leurs  expositions dont il est le généreux mécène. En peinture, Rouart applique leurs principes sans en être prisonnier. Sa technique, issue d’un certain réalisme,  perdra au fil des années « le souci d’être précise et juste » et gagnera en finesse.

En 1885, le groupe éclate et Rouart poursuit désormais son œuvre en solitaire. Alors que les impressionnistes font de la ville un symbole de la modernité, il aime travailler à l’écart des cités et, chaque fois qu’il le peut, part peindre en pleine nature : bords de rivières, étangs, forêts… Son œuvre révèle un paysagiste de talent. Il peint des paysages de la région parisienne, de province ou d’Italie. Plus particulièrement les arbres, non sous de lourdes frondaisons comme le font les peintres barbizoniens, mais en bosquets ou en fond d’écran. Il les saisit à toutes les heures de la journée et à des saisons différentes. La leçon impressionniste donne à ses représentations des sortes de vibrations, d’ombres mobiles colorées, une lumière faite de minuscules touches qui rappellent Monet ou Renoir. Ses tableaux représentent également des scènes champêtres de sa propriété de La Queue-en-Brie.

Fondamentalement paysagiste, Rouart a néanmoins tenté le portrait. Il en exécute plusieurs de sa femme – les plus forts –, de sa fille et de ses proches peints dans un cadre familier. En homme complet, Rouart a collectionné des tableaux en un temps où ils étaient ignorés de tous. Bon nombre sont aujourd’hui conservés dans les plus grands musées internationaux. Degas a symbolisé l’activité de son ami dans un portrait intime le montrant fumant le cigare devant un mur couvert de tableaux. Il en ressort l’image d’un homme de qualité.

Voir « Henri Rouart, l’œuvre peinte »

Musée Marmottan-Monet, 2, rue Boilly, Paris-16e, www.marmottan.com

Voir la fiche de l'exposition : Henri Rouart, l'œuvre peinte

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°651 du 1 novembre 2012, avec le titre suivant : Henri Rouart - Un homme de qualité

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque