Musée

Paris-6e

Grayson Perry

Monnaie de Paris - Jusqu’au 3 février 2019

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 20 décembre 2018 - 355 mots

PARIS

Comment les institutions françaises ont-elles pu passer à côté de Grayson Perry ? L’artiste britannique n’est pourtant pas un perdreau de l’année : né en 1960, il est apparu sur la scène artistique dans les années 1980.

Après des expositions au Barbican Center et au Stedelijk Museum, Perry remporte le Turner Prize en 2003. L’artiste est depuis partout : dans les galeries, les musées et les trustees des institutions britanniques, mais aussi sur les ondes radio et télévisées outre-Manche… C’est sans doute d’abord pour cela qu’on ne le connaît pas en France, où les frontières entre l’art et les médias sont hermétiques. Artiste atypique – le mot est faible –, Grayson Perry échappe aux catégories habituelles : il est à la fois céramiste, performer, animateur télé, auteur de séries, écrivain… et travesti. Les Anglais l’adorent, avec ses robes bariolées et son humour so british, et il n’est pas rare de le voir photographié à côté de la reine Elizabeth ou du prince Charles – en 2013, il a été fait commandeur de l’ordre de l’Empire britannique par la reine. Mais, s’il a échappé aux radars en France, c’est aussi en raison de sa pratique artistique et des messages qu’il défend. Pratiquant la céramique et la tapisserie – deux activités considérées comme « féminines », à un moment où la France peinait déjà à reconnaître ses peintres –, Grayson Perry parle dans son travail du genre, de la sexualité, des religions… : autant de sujets graves qui ne passionnent pas la France. Sorte de Gilbert et George pour la cause transgenre, Perry n’en oublie pas, à l’instar de ses aînés, de faire œuvre. Que cela soit pour ses robes qu’il dessine, ses céramiques ou ses tapisseries numériques, l’artiste a développé un style propre qui reprend les codes des arts populaires et outsiders – Perry est fasciné par la production d’Henry Darger – avec des savoir-faire traditionnels : la céramique et la tapisserie, mais aussi le bronze, la gravure, etc. Un échantillon représentatif de son travail est actuellement présenté à la Monnaie de Paris, qui présente la première exposition monographique de l’artiste en France. Mieux vaut tard que jamais.

« Grayson Perry. Vanité, identité, sexualité »,
Monnaie de Paris, 11, quai Conti, Paris-6e, www.monnaiedeparis.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Grayson Perry

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