XIXe

Géo, ce documentariste

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 15 septembre 2015 - 348 mots

Le regard bienveillant de Jean Geoffroy, dit « Géo », sur la IIIe République, s’affiche à Saintes.

SAINTES - Rares sont les documents d’archives à être parvenus jusqu’à nous au sujet de Jean Geoffroy (1853-1924), dit « Géo », figure discrète de la IIIe République. Si la rétrospective que lui consacre le Musée de l’Échevinage à Saintes (Charente-Maritime) ne résout pas l’énigme de Geoffroy l’homme, elle révèle la finesse d’observation et le regard plein de bienveillance que cet artiste naturaliste posait sur ses contemporains. Géo ou « Le peintre des humbles et des enfants », ainsi que le qualifie l’épitaphe de sa tombe au cimetière de Pantin. L’époque a bénéficié des talents de Mary Cassatt et de Berthe Morisot pour révéler les secrets de la sphère domestique, et plus particulièrement de la maternité dans des intérieurs cossus. Ayant lui-même grandi dans une famille d’accueil résidant dans les quartiers populaires parisiens, Geoffroy a privilégié l’envers du décor de ces cocons bourgeois : les écoliers, les malades et les laissés-pour-compte.

Description touchante
Le commissaire scientifique, Dominique Lobstein, décèle dans cet intérêt la trace laissée par le collectionneur de l’artiste Laurent Louis Borniche, fervent défenseur d’une culture populaire. L’éditeur Pierre-Jules Hetzel joua lui aussi un rôle clé en recrutant Géo pour illustrer des ouvrages à l’accent civique et moral destinés aux jeunes lecteurs. Enfin, l’amitié tissée avec le docteur Gaston Variot lui a ouvert les portes du monde hospitalier et des services de l’aide sociale. En résulte l’une des pièces maîtresses de l’exposition, L’Œuvre de la Goutte-de-Lait au dispensaire de Belleville (1903), un triptyque illustrant le dispensaire créé par Variot pour assister les jeunes mères et lutter contre la mortalité infantile. Géo y excelle dans sa description touchante, jamais mièvre, de la relation mère-nourrisson. Cette justesse transparaît également lorsqu’il dépeint les jeunes enfants à l’école de Jules Ferry, répondant à une commande du ministère de l’Instruction publique. Les visiteurs qui auront trop tardé à aller découvrir ces œuvres attachantes à Saintes pourront se rattraper à Moulins (Allier), où l’exposition sera présentée au Musée départemental Anne-de-Beaujeu du 28 novembre au 18 septembre 2016.

Jean Geoffroy (1853-1927) dit GÉo. « Une œuvre d’une gÉNÉreuse humanitÉ », jusqu’au 31 octobre, Musée de l’Échevinage, 29ter, rue Alsace-Lorraine, 17100 Saintes, tél. 05 46 93 52 39, www.ville-saintes.fr, jusqu’au 30 septembre : tlj sauf lundi, 10h-12h30 et 13h30-18h, 14h-18h le dimanche, à partir du 1er octobre : tlj sauf dimanche et lundi 13h30-17h, entrée 5 €. Catalogue, coéd. Le Croît Vif (Saintes)/Musée des beaux-arts de la Ville de Saintes, 176 p., 20 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°441 du 18 septembre 2015, avec le titre suivant : Géo, ce documentariste

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque