Fiac 2005, où sont les stars ?

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 octobre 2005 - 798 mots

Une visite de la Fiac à travers
des grands noms de l’art du XXe siècle offre la satisfaction de visiter une exposition « muséale ». Pour cela le hall 4 est l’objectif à atteindre. La tâche est énorme puisqu’il faudra écumer les quelque 143 stands de galeries françaises et étrangères parmi lesquelles 27 viennent pour la première fois ou reviennent étoffer cette partie du « moderne contemporain » et du très contemporain.

L’ancien à la Fiac n’est pas oublié puisqu’on pourra voir une sculpture de Jean Arp (1965) chez Thessa Herold, un collage peint de Le Corbusier à la galerie Zlotowski, une toile de Kirchner présentée par Henze & Ketterer et une pièce exceptionnelle datée de 1920 signée Tristan Tzara, une rareté chez 1900-2000 (ill. 11). Pour ceux qui ne désireraient pas « remonter » aussi loin dans le temps, le nouveau réalisme inscrit ses impertinences dans plusieurs stands, notamment celui de Natalie Seroussi qui, à elle seule, présente plusieurs œuvres historiques de Martial Raysse ou Raymond Hains, un artiste dont on retrouve des pièces chez Lara Vincy et Françoise Paviot. La Londonienne Annely Juda expose de son côté une peinture emballée par Christo en 1968, Guy Pieters s’offre un Mimmo Rotella et on attend les décollages de Villeglé chez Philippe & Nathalie Vallois. Nombreux sont les artistes de l’Arte Povera sur les stands des galeries italiennes, notamment celui d’Alfonso Artiaco qui joue aussi la carte des minimalistes américains de Carl Andre à Sol LeWitt. Le minimal s’égrène d’ailleurs au fil des stands et reprend du corps à la faveur d’expositions qui lui sont consacrées depuis deux ans. Peu de Pop Art (aucune galerie ne claironne la présence éventuelle d’un Warhol) mais tout de même deux compositions de Tom Wesselmann proposées par Darga & Lansberg (ill. 10) et l’Américain Robert Miller.

Retour gagnant
Certaines stars effectuent un retour plébiscité par plusieurs galeries comme le peintre allemand Georg Baselitz, valeur sûre de la scène contemporaine depuis le début des années 1980 qu’on avait cependant moins vu ces derniers temps. La galerie Ropac lui offre un one-man show (ill. 6) et Michael Schultz de Berlin présente une de ses récentes compositions. Pierre Soulages expose ses toiles sombres de 2004 à la fois chez Karsten Greve et l’Américain Robert Miller tandis qu’Annely Juda
propose deux œuvres de David Hockney. Le peintre chinois Yan Pei-Ming délaisse les portraits et revient avec un paysage acide chez le Bruxellois Rodolphe Janssen alors que Jérôme de Noirmont affiche deux revenants, le couple de photographes kitsch et people Pierre et Gilles (ill. 13) ainsi que l’artiste Fabrice Hyber, auréolé cet été de trois expositions en France.

Golden boys
Et puis, il y a les jeunes grands noms : Wim Delvoye, superstar belge créateur de Cloaca – la machine à digérer – est annoncé chez Nathalie Obadia et le Suisse Guy Bärtschi, Philippe Ramette accompagne le retour de la galerie Xippas à la Fiac d’un projet de lévitation de chaise. Quant au jeune artiste d’origine albanaise Anri Sala, récompensé à Venise pour la Biennale de 2001 à moins de trente ans pour une vidéo et dont l’agenda est « surbooké », il sera présent chez le Napolitain Artiaco (ill. 9). Le très talentueux Doug Aitken (ill. 5), auteur de films atmosphériques et de systèmes de projection audacieux exposés dans les meilleurs musées du monde, sera certainement un des points d’orgue du best of proposé par la Suissesse Eva Presenhuber, papesse incontestée de la jeune scène artistique internationale. Carsten Höller (ill. 1) fait partie de ces incontournables jeunes quadras qui trustent les expositions à l’image du Français Philippe Parreno, tous deux chez Air de Paris ou encore Erwin Wurm, présent chez Art of this century de New York et à la galerie Xavier Hufkens, à Bruxelles (ill. 8).
Les membres du club très fermé des « tarifs » exponentiels n’annoncent pas vraiment leur venue. Ni Maurizio Cattelan, ni Jeff Koons, ni Andreas Gursky, mais leur galerie (comme Perrotin pour le premier) n’ont pas encore dévoilé leur jeu. Si la Fiac n’a peut-être pas les collectionneurs assez fortunés pour acquérir les œuvres dont les cotes sont aussi vertigineuses, elle accueille tout de même en son sein des artistes qu’on pourrait qualifier de blockbusters. Pour preuve Sophie Calle (Perrotin), John Armleder (Catherine Issert), Yayoi Kusama (Miller, Simoens, Pièce unique, ill. 12), Nan Goldin (Bartschi, ill. 14), Bernd & Hilla Becher, Gilbert & George ou Martin Parr rien que chez Simoens (ill. 15). Les têtes de série sont prestigieuses et nombreuses, en aucun cas des lots de consolation. Cette Fiac s’annonce déjà strass et paillettes alors que tous les invités n’ont pas révélé leur choix. On s’observe, histoire de protéger son scoop, son exclusivité. Les changements et les rotations d’œuvres seront inévitables dans les premières heures de cette 32e édition, de quoi réserver bien des rebondissements à cette chasse aux stars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°573 du 1 octobre 2005, avec le titre suivant : Fiac 2005, où sont les stars ?

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