Fiac 2005, nouveaux venus

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 octobre 2005 - 800 mots

Avec un quart de nouveaux exposants – 55 sur 220 ! –, la 32e édition de la Fiac affirme sa volonté de passer un cap : offrir un panorama plus large de la jeune création contemporaine internationale.

La volonté de changement de cap avait été manquée, lors du trentième anniversaire de la Fiac, voilà deux ans. La nouvelle configuration de la Fiac, tant attendue, devrait la remettre en piste dans le concert international des grandes foires marchandes, comme celles de Bâle, de Miami ou de Londres. Dans tous les cas, voilà qu’elle s’est autorisé un sérieux coup de jeunesse. Il était temps et l’on ne peut que s’en réjouir. À la découverte – ou aux retrouvailles pour certains – de ces cinquante-cinq nouveaux exposants, on relève que ce sont les Parisiens et les Américains qui sont les plus nombreux, chacun comptant dix nouveaux venus. Si les Allemands et les Suisses ne sont pas en reste – on en dénombre sept pour chacun –, les Anglais ne sont que cinq et les Belges seulement trois. Enfin, si les Italiens, les Hollandais et les Japonais ne comptent pour leur part que deux nouveaux chacun, le Brésil, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande, Israël, la Russie et la Turquie n’en comptent qu’un seul.
À l’analyse, force est donc de constater que cette augmentation notable du taux des nouveaux venus ne concerne somme toute que la scène artistique la plus attendue, celle qui fait et anime l’art contemporain et son marché. La proportion des nouveaux venus au regard de la participation à la Fiac 2005 de leur pays d’origine en est le reflet : un peu plus de la moitié des exposants venus des États-Unis sont nouveaux, dix sur dix-neuf. Il y en a sept sur les onze exposants allemands, sept sur les onze Suisses et cinq sur les quinze Anglais. Certes, s’il n’est pas sûr que l’on puisse interpréter de la même façon l’importance du contingent des nouveaux exposants parisiens, souhaitons qu’il soit toutefois le signe avant-coureur d’un vrai changement de considération de la place de la scène française sur l’échiquier international.

Le rendez-vous des jeunes artistes
On peut le penser en allant sur le stand de la galerie Magda Danysz, installée dans le XIIIe près de la Grande Bibliothèque, qui s’applique depuis 1999 à faire la promotion d’artistes émergents et qui est intéressée par le dessin, le multimédia, les pratiques artistiques urbaines et la jeune scène californienne comme les Clayton Brothers (ill. 4) dont elle fait un one-man show à la Fiac. Ou bien en allant rendre visite à la galerie Martine Aboucaya, ouverte l’an passé dans le Marais, qui marque un intérêt tout particulier pour la photo et la vidéo en présentant des artistes comme l’Américaine Sharon Lockhart, les Marseillais Christophe Berdaguer et Marie Péjus mais surtout l’étonnante Agnès Varda. Ou bien encore en s’arrêtant sur le stand de la galerie Olivier Houg, installée à Lyon depuis huit ans où elle développe une activité de premier plan en montrant surtout de jeunes artistes comme Mathias Schmied, Jeanne Susplugas (ill. 2), Maurizio Savini, MP & MP Rosado.

Les galeries étrangères
Côté américain, on ne peut que se réjouir de la présence à la Fiac d’un certain nombre de galeries comme le francophile Robert Miller, l’un des poids lourds de la scène new-yorkaise, ou la CRG Gallery, créée en 1990, installée à Chelsea et qui montre des artistes aussi divers que Jean-Marc Bustamante, Mona Hatoum ou Jim Godges. Mais aussi de la participation de structures plus jeunes telles que Volume, créée en 2003 à Chelsea, originellement consacrée à l’édition mais qui vient d’ouvrir un espace d’exposition, ou bien encore Anna Helwing Gallery, qui a ouvert ses portes il y a deux ans dans l’un des vieux quartiers industriels de Los Angeles et qui s’attache surtout à présenter de jeunes artistes de la côte ouest.
Côté allemand, on ne manquera pas de s’intéresser aux quatre nouveaux venus de Berlin, les galeries Esther Schipper, Lumas, Volker Diehl et Magnus Müller ; ils comptent parmi les acteurs les plus dynamiques d’une scène artistique qui ne cesse d’attirer toute une population d’artistes venus des quatre coins du monde, et qui a fait de la capitale allemande l’un des carrefours les plus animés qui soient. Côté Suisse, on s’arrêtera sur le stand de la galerie Ars Futura de Zurich dirigée depuis 1992 par Nicola von Senger qui s’est bâti une solide réputation dans le domaine de la photographie contemporaine et qui représente notamment des artistes comme  Erwin Wurm ou Gianni Motti (ill. 3).
Côté anglais, enfin, le retour à la Fiac d’une prestigieuse galerie londonienne comme celle d’Annely Juda, qui s’occupe autant d’art moderne que d’art contemporain, et la présence de la décoiffante galerie Hauser & Wirth, qui présente une exposition collective autour des bad boys de la scène californienne, témoignent du regain d’intérêt que connaît la manifestation parisienne.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°573 du 1 octobre 2005, avec le titre suivant : Fiac 2005, nouveaux venus

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