Art contemporain

Felix Gonzalez-Torres, de la récupération sous toutes ses formes

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 10 octobre 1997 - 341 mots

Depuis sa grande exposition personnelle au Solomon R. Guggenheim Museum de New York (1995), présentée l’année suivante au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, le travail de Felix Gonzalez-Torres est très régulièrement montré. Pourtant, l’exposition de Saint-Gall est l’occasion de revenir sur certains aspects d’une œuvre libre et généreuse.

SAINT-GALL. L’Histoire de l’art – la petite et la grande – porte souvent au pinacle ses martyrs. Le décès d’un artiste, tel un label inespéré de qualité, suscite parfois un intérêt miraculeux pour l’œuvre du défunt. La destinée de Felix Gonzalez-Torres se prête admirablement à cet encensement. Né à Güiaimara, sur l’île de Cuba, il a vingt-deux ans lorsqu’il s’installe à New York. Il rejoint les artistes de “Group Material” de 1987 à 1991, et meurt du sida à Miami en janvier 1996, à l’âge de trente-huit ans. Pourtant, loin des récupérations circonstancielles, le travail de Felix Gonzalez-Torres offre à la fois une relecture de l’art, notamment américain, des années soixante et soixante-dix et une analyse intellectuelle renouvelée de l’œuvre d’art. Plastiquement, sa production ne brille certes pas par son originalité, puisqu’il a revisité tour à tour l’art minimal et conceptuel, à l’exemple de rectangles placés au centre des salles, de textes en continu se déployant en haut des murs ou de photographies sur des panneaux publicitaires. Au-delà de leur forme, les pièces induisent cependant une nouvelle approche de l’art, désacralisatrice et généreuse. Le visiteur est ainsi invité à se servir, à emporter les feuilles qui composent ses cubes, à déguster les bonbons qu’il installe, pour goûter l’art différemment. Il remet alors en question le concept de pièce unique et de multiple, de possession d’une œuvre qui déjoue la notion de propriété. Pourtant, un an seulement après le décès de l’artiste, le marché reprend ce qui tentait de lui échapper : un catalogue raisonné de l’œuvre de Felix Gonzalez-Torres est publié à l’occasion de l’exposition.

FELIX GONZALEZ-TORRES, jusqu’au 16 novembre, Kunstverein Saint-Gall in Kunstmuseum, Museumstrasse 32, Saint-Gall, tél. 41 71 245 33 55, tlj sauf lundi 10h-12h, 14h-17h, dimanche 10h-17h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°45 du 10 octobre 1997, avec le titre suivant : Felix Gonzalez-Torres

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