Faigenbaum en clair-obscur

En 2008, son travail avait déjà fait l’objet de rétrospectives à la Fondation Gulbenkian à Lisbonne et au Musée de Grenoble. Ses partis pris (ne retenir que les images noir et blanc de l’œuvre, et mêler formats, séries et dates), renforcés par le montage de l’exposition réalisé avec l’artiste et sans la complicité de l’historien critique d’art Jean-François Chevrier – une première – construisent cependant un autoportrait inédit et sensible d’un photographe attaché à la figure et au tirage, dans lequel il excelle à moduler les gris et la lumière.

De la séquence d’instantanés, prise au cours d’une réunion de famille dans la maison de campagne de sa tante au Lys-Chantilly, aux dernières images de Santu Lussurgiu, village de Sardaigne d’où est originaire sa compagne, en passant par les célèbres portraits de familles de l’aristocratie italienne, de ceux de sa mère, de Prague ou d’Israël, les interdépendances aux résonances multiples apparaissent comme une évidence. Par leur construction visuelle et la bribe de récit que porte d’abord chaque image, appréhension vive d’une mémoire. Par leur rapport également à l’histoire de l’art : peintre à l’origine, Patrick Faigenbaum « se nourrit de peinture, de sculpture ».

« Patrick Faigenbaum est un portraitiste », dit Chevrier. Un portraitiste qui rend palpable ce qui est vivant, et vivant ce qui est figé. Avec à chaque fois  une intériorité profonde voire grave, et une pointe d’étrangeté, d’interrogation troublantes.