Fabien Lerat, habiter le monde

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 septembre 2003 - 362 mots

Au moment où l’on fête les vingt ans des Frac, il serait bien de se rappeler que leur avènement a été accompagné de celui d’un nombre tout aussi important de centres d’art, distribués ici et là aux quatre coins de l’hexagone, comme l’expression de volontés territoriales considérant, à juste titre, qu’il convenait de promouvoir les arts plastiques à l’égal de la musique, du théâtre ou de la danse. Les centres d’art se développèrent jusqu’à constituer un maillage digne de ce que l’on connaît chez nos proches voisins européens. Si La Galerie de Noisy-le-Sec n’existe que depuis trois ans, elle a vite fait de gagner ses lettres de noblesse et de faire valoir l’image de la ville par la qualité de sa programmation. L’exposition qu’elle consacre cet automne à Fabien Lerat en est une nouvelle illustration qui lui permet de porter à la connaissance du public une des formes parmi d’autres de la production artistique actuelle.
Le travail de cet artiste, pensionnaire de la Villa Médicis à Rome il y a dix ans, s’est imposé par la rigueur et la singularité de sa démarche. Essentiellement articulée sur les rapports tripartites du corps, de l’espace et de l’architecture, son œuvre en appelle à une forme d’interactivité qui procède de l’échange, du partage et de la communication. Les objets qu’imagine Fabien Lerat et qui en appellent à des formes élémentaires opèrent comme d’étranges prothèses expérimentales visant à mettre en relation les uns et les autres, sinon l’individu à son environnement.
Il s’agit de l’apprentissage d’une sorte de langage, de l’expérience plastique de toutes sortes de faits et gestes qui sont autant d’occasions de relations sociales, spatiales ou sensorielles. Bref, une façon de prendre la mesure du monde, de l’habiter, au sens le plus fort de l’expression, avec l’intention de l’appréhender dans toute sa plénitude et toute sa complexité afin de mieux y être. Invitation est faite en quelque sorte à l’autre de s’investir dans une façon de jeu de société et de participer à la mise à plat de ses codes et de ses règles.

« Fabien Lerat », NOISY-LE-SEC, La Galerie, 1 rue Jean Jaurès, tél. 01 49 42 67 17, 13 sept.-8 nov.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : Fabien Lerat, habiter le monde

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