Exit, un festival version bidouille

Comme si rien n’était plus à même de susciter l’étonnement, dans une société saturée de high-tech, qu’un retour aux vieux procédés mécaniques...

Outre qu’ils sont pour la plupart inconnus du public français, les artistes invités du 8 au 18 mars à Créteil ont donc pour point commun de singer les dernières technologies avec les moyens du passé. L’aspect pixelisé d’une mauvaise image ? Zilvinas Kempinas l’obtient grâce à un effet d’optique où le numérique n’entre pour rien. L’interactivité ? L’Américain Bernie Lubell en a fait son leitmotiv, à ceci près qu’il sollicite la participation du spectateur avec de savantes machines en… bois. Le jeu vidéo ? Le collectif allemand Fur le subvertit à sa manière : dans Mr Punch, il convie les joueurs à un jeu de castagne dont les protagonistes sont des guignols à actionner mécaniquement. À moins qu’il ne parodie les réseaux sociaux avec sa Facebox – soit un dispositif permettant à deux individus de se faire face pour de vrai et, éventuellement, de devenir amis [voir p.10].

Chez d’autres artistes, le mécanique s’hybride avec les nouvelles technologies. Mais dans les performances oniriques du collectif norvégien Verdensteatret, les concerts de machines à coudre de Martin Messier ou les sculptures sonores de Zimoun, le rire ou l’émerveillement tiennent bien davantage à l’inventivité du dispositif et à sa richesse formelle qu’aux technologies mobilisées.
On aurait tort de manquer cette mise en question légère et poétique de la civilisation numérique, et ce d’autant plus qu’une fois achevé l’événement francilien, l’exposition « Low-Tech » prendra ses quartiers au Manège à Maubeuge du 22 mars au 1er avril à l’occasion d’un autre festival : le Via.