Lyon (69) - Musée des beaux-arts de Lyon

Étienne-Martin, visite de son atelier

Jusqu’au 23 janvier 2012

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 20 décembre 2011 - 364 mots

Trop d’expositions sont assommantes de prétention médiocre, d’autres, plus rares, merveilleuses d’intelligence et de vivacité créatrice.

Clairement cette exposition « L’Atelier d’Étienne-Martin (1913-1995) », présentée à Lyon, se range dans la seconde catégorie. Difficile en effet de sortir indemne d’un parcours riche d’un demi-siècle de sculpture exigeante, sereine et incroyablement variée.

Connu pour ses « demeures », Étienne-Martin a construit son œuvre autour d’une mythologie très élaborée puisée dans son enfance. Située à Loriol, dans la Drôme, sa maison natale avait la particularité d’être divisée en deux corps de bâtiment de quatre étages séparés par un mur que l’on ne pouvait traverser qu’au rez-de-chaussée ou au grenier. Durant ses cinq premières années, l’enfant vit avec sa mère et sa grand-mère dans ce qu’il nommera « la maison du Nord », « la maison maternelle ». En 1918 il découvre son père, de retour du front, et pénètre pour la première fois avec celui-ci dans les pièces de l’autre partie de la maison. Le sculpteur développera tout au long de sa vie un goût toujours plus prononcé pour ce qui est caché, mystérieux, invisible aux premiers regards.

La présentation chronologique et thématique de l’exposition rend bien compte de cette évolution. Depuis La Sauterelle (1933), ou la tête de Denise (1946), toutes deux en plâtre, jusqu’à un stupéfiant Ecce Homo de 1993, sculpté dans une racine d’oranger et chargé de chaînes d’acier, quel magnifique chemin parcouru ! Véritable voyage initiatique, cette exposition met en lumière la diversité, l’inventivité et la fantaisie d’un sculpteur qui aimait la couleur, aussi à l’aise pour réaliser des œuvres de taille modeste ou très petite – La Petite Demeure en corne de rhinocéros de 1972 mesure quatre centimètres sur cinq seulement – que des pièces de grande taille : Alléluia, de 1983, en bois d’acacia peint, fait trois mètres de haut.

L’exposition est remarquable, chaque nouvelle salle apporte son lot d’étonnement, mais pourquoi donc avoir choisi de présenter de si impressionnantes  sculptures en bois posées sur des grosses et grandes plaques d’aggloméré, toutes neuves, visuellement beaucoup trop présentes ? Vraiment dommage !

Voir « L’Atelier d’Étienne-Martin (1913-1995) »

Musée des beaux-arts de Lyon, palais Saint-Pierre, 20, place des Terreaux, Lyon-1er (69), www.mba-lyon.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : Étienne-Martin, visite de son atelier

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