Érotisme à la française au XVIIIe siècle

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 7 août 2007 - 371 mots

S’il est une œuvre emblématique de la première moitié du XVIIIe siècle, c’est bien La Menace de Cupidon d’Étienne-Maurice Falconet (1717-1791).
Réalisé vers 1750 pour Madame de Pompadour, la favorite de Louis XV, ce petit marbre rencontra un succès considérable et fut l’objet de nombreuses copies. Cette sculpture, pièce maîtresse de l’exposition, illustre aussi parfaitement le goût pour un certain érotisme qui se développe en pleine période rocaille. Les artistes puisent alors le principal de leur inspiration dans la mythologie, grâce à des figures telles que le Éros grec ou son homologue romain Cupidon.
C’est à cette thématique que les Chambres de l’Hermitage de la Sommerset House de Londres ont souhaité consacrer cette exposition. Le musée d’État de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg possède en effet une importante collection d’œuvres du xviiie siècle français, rarement exposées. Aux Boucher, Watteau, Natoire, Fragonard ou Lancret a été adjoint un ensemble exceptionnel de gravures érotiques, collectionnées secrètement au xixe siècle par le tsar Nicolas Ier, et qui fait là l’objet d’une première présentation hors de Russie.
L’érotisme, s’il est pratiqué sous couvert de mythologie ou par le biais de scènes champêtres faussement naïves, apparaît comme un thème de prédilection des artistes du siècle de Louis XV. Après l’austérité imposée à la cour à la fin du règne de Louis XIV, les mœurs s’émancipent à nouveau, comme en témoignent les odalisques dévêtues de Boucher ou les scènes équivoques de Watteau et de Fragonard ou les marbres sensuels de Falconet.
Tous les supports sont concernés par cette mode, y compris la gravure qui, par ses états successifs, permet de traiter la nudité sans détours. En outre, certains artistes n’hésitent pas à produire des œuvres délibérément licencieuses destinées à des cabinets d’amateurs, dans lesquelles l’érotisme cède le pas à la pornographie.
Toutefois, dès le dernier quart du siècle, les tenants d’un retour à l’ordre parviennent à imposer les rigueurs d’un néo-classicisme qui sonne le glas des légèretés rocailles. Mais ce goût de la séduction et de l’érotisme a sans aucun doute contribué au succès de l’art français du XVIIIe siècle.

« Le Triomphe d’Eros. Art et séduction en France au xviiie siècle », Hermitage Rooms, Sommerset House, Londres (Grande-Bretagne), tél. 00 44 20 7 845 4500, jusqu’au 8 avril 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Érotisme à la française au XVIIIe siècle

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque