Le Musée départemental de la céramique de Lezoux est le dépositaire d’un riche patrimoine témoignant d’une histoire prestigieuse et pourtant méconnue.
La commune du Puy-de-Dôme peut en effet se targuer d’avoir été la capitale antique de la céramique sigillée. Une céramique fine destinée aux usages courants, recouverte d’un vernis rouge, tirant son nom du sceau de potier (sigillum en latin) dont elle est estampillée. Avec les ateliers de La Graufesenque, dans l’Aveyron, Lezoux constituait même le centre de production de céramiques le plus important de l’Empire romain. On estime ainsi que des centaines de millions de vases ont été façonnés à Lezoux puis exportés, essentiellement dans les régions septentrionales de l’empire. Ce site fut redécouvert au XVIIIe siècle alors que l’anticomanie battait son plein. La mise au jour de ce patrimoine eut un impact considérable dans les pratiques artisanales de l’époque. Les manufactures, notamment celle de Sèvres, multiplièrent ainsi les tentatives pour maîtriser les techniques de la céramique sigillée et notamment leurs décors caractéristiques moulés, imprimés ou encore rapportés. La nouvelle exposition du musée, labellisée d’intérêt national, raconte l’influence de la découverte de cette production et les nombreuses expérimentations auxquelles elle donna lieu. Plus largement, elle dévoile la fascination exercée par les vases grecs étrusques et romains sur les artistes d’hier et d’aujourd’hui. Elle confronte ainsi des pièces antiques avec des créations modernes et contemporaines réalisées notamment par Picasso, Dufy ou encore Nadia Pasquier.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : En rouge et noir
