Éminence grise

Alan Charlton à Nîmes

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 310 mots

Alan Charlton bénéficie de sa première exposition rétrospective en France au Carré d’Art, à Nîmes. Une cinquantaine de pièces retracent le parcours pictural singulier de l’artiste britannique.

NÎMES. Les cimaises du Musée d’art contemporain de Nîmes vont se couvrir de gris jusqu’au mois de mai. Depuis le début des années soixante-dix, Alan Charlton ne réalise plus que des monochromes gris. Il est en effet resté remarquablement fidèle à cette tonalité, qu’il module en dosant savamment la proportion respective des opposés que sont le blanc et le noir. Influencé par les protagonistes américains de l’Art minimal, Charlton a abandonné toute narration en tant que telle pour s’attacher uniquement au monochrome, dans une démarche volontairement conceptuelle.
Ses œuvres ne se limitent pas au simple recouvrement de la surface de la toile par le pigment, qui évite d’ailleurs tout effet de matière. Il construit lui-même ses propres châssis, décline les dimensions, conçoit des polyptyques : panneaux juxtaposés verticalement, par exemple, ou superposés horizontalement. Cette alternance de supports permet à la lumière d’être plus présente et d’accentuer les jeux de dégradés du blanc au noir. Pensées pour les espaces qu’elles intègrent, les peintures les habitent comme des œuvres en trois dimensions. Il conçoit en effet ses pièces comme des objets en soi. La peinture recouvre non seulement la surface de la toile mais également les bords de celle-ci. L’art de Charlton, malgré un côté un peu austère, offre une conception particulière de la peinture. Ses œuvres, tout en se présentant comme des toiles traditionnelles, ouvrent une voie singulière. En la liant à l’espace qui l’entoure, et par sa réalité physique même, Alan Charlton donne à la peinture un nouvel éclat.

ALAN CHARLTON, 22 février-25 mai, Carré d’Art, place de la Maison Carrée, 30000 Nîmes, tél. 04 66 76 35 70, tlj sauf lundi 10h-18h. Catalogue 120 p., 180 F. pendant la durée de l’exposition.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Éminence grise

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