Edvard Munch, noirs dessins

L'ŒIL

Le 1 mars 2004 - 324 mots

Edvard Munch (1863-1944) n’accordait que peu de valeur artistique à ses dessins. Il est donc difficile de savoir s’il en a produit beaucoup pour eux-mêmes, sans les envisager comme des études préparatoires à une peinture.
Quoi qu’il en soit, ceux présentés ici, tout en documentant un processus de création, constituent des œuvres à part entière. Magne Bruteig – conservateur en chef du musée Munch d’Oslo et commissaire de l’exposition – explique dans le catalogue que n’ont pas été retenus les simples croquis issus des carnets de dessins, l’idée étant de montrer les œuvres les plus abouties en rendant compte de la variété des techniques (crayon, fusain, plume, pastel, pinceau, rehauts à l’aquarelle, à la gouache et au lavis) et des différentes périodes de la vie de l’artiste, intimement liée à sa pratique artistique. La souffrance, la maladie, la mort, qu’il nomme ses « anges noirs », le poursuivent depuis l’enfance et traversent tout son œuvre. Les femmes, le couple (Étude pour Le Baiser) sont également au centre de ses préoccupations, mais toujours plongés dans une atmosphère tourmentée, expression de
la solitude et du désarroi (Consolation). L’exposition bruxelloise présente une centaine de feuilles sélectionnées parmi les quatre mille cinq cents conservées par le musée Munch d’Oslo, qui rassemble la majeure partie de l’œuvre graphique et peint de l’artiste norvégien. Rarement montrés, ces dessins témoignent d’une grande liberté de geste, à travers des compositions à l’exécution rapide et nerveuse qui cernent en peu de traits la psychologie des personnages. Parfois avec une grande économie de moyens, comme cette Étude pour Le Cri (1895), remarquable de simplicité. Un dessin qui montre à quel point, chez Munch, la force est dans la ligne et les contours sinueux, encore plus que dans la couleur pourtant si expressive de sa peinture.

« Munch, dessins et aquarelles », BRUXELLES (Belgique), musée d’Ixelles, 71 rue Jean Van Volsem, tél. 32 2 515 64 22, 19 février-16 mai, cat. Citadelles & Mazenod, 39 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°556 du 1 mars 2004, avec le titre suivant : Edvard Munch, noirs dessins

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