Douglas Gordon, trafiquant d’images

L'ŒIL

Le 1 avril 2004 - 389 mots

La première rétrospective sur le continent américain de l’œuvre de Douglas Gordon, qui avait debuté au Museum of Contemporary Art de Los Angeles en septembre 2001, fait une dernière étape au Hirshhorn Museum, à Wahington. Les précédentes étapes de l’exposition avaient été la Vancouver Art Gallery, à Vancouver, et le Museo Tamayo Arte Contemporáneo, à Mexico. Sa présentation au Guggenheim Museum de New York, prévue en 2003, a été annulée. Très sobrement intitulée « Douglas Gordon », l’exposition de Washington revient sur dix années (1993-2003) du travail de l’artiste écossais, pendant lesquelles il s’est imposé comme un trafiquant d’images notoirement talentueux et toutefois énigmatique.
Ses vidéos et photos reposent le plus souvent sur la confrontation de valeurs antagonistes.
Peut-être plus precisément sur la réversibilité de valeurs aussi universelles que le bien et le mal... Vaste sujet ! Une pièce récente, intitulée Play Dead : Real Time est venue compléter la dernière étape de cette rétrospective. Cette installation vidéo montre sur deux grands écrans et un moniteur les errements et roulades d’un éléphant dans la galerie Gagosian, à New York (où cette pièce était montrée pour la première fois il y a un an). Le sujet est inspiré d’un film de Thomas Edison, qui documentait en 1903 l’électrocution d’un éléphant.
La réinterpretation et, encore plus souvent, la réutilisation de films existants est caractéristique du travail de Douglas Gordon. Dès 1993, 24 Hour Psycho, l’une de ses œuvres les plus connues, engageait son travail sur cette voie en proposant une version de Psychose d’Hitchcock ralentie pour durer vingt-quatre heures. Plus tard, pour Between Darkness and Light (1997), il superposait sur un même ecran les projections de L’Exorciste et du Chant de Bernadette (qui retrace la vie de Bernadette Soubirous). Ses photos, dans lesquelles il se met souvent lui-même en scène, n’empruntent pas d’images directement, mais puisent également largement dans la culture populaire de l’image.
En se photographiant mal rasé, l’air défait et simplement coiffé d’une perruque blond platine, il a fait un Autoportrait en Kurt Cobain, en Andy Warhol, en Myra Hindley, en Marilyn Monroe (1996) et nous rappelle que l’image d’un personnage médiatique, qu’il soit rock star, artiste, tueur en série ou sex-symbol, appartient à tout le monde.

« Douglas Gordon », WASHINGTON, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Independence Avenue at 7th Street SW, tél. 1 (202) 357-2700, 12 février-9 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°557 du 1 avril 2004, avec le titre suivant : Douglas Gordon, trafiquant d’images

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