Dominée par la puissante personnalité de Cosmè Tura, l'école ferraraise du XVe siècle se caractérise par un réalisme expressionniste dont la minutie est empruntée aux écoles du Nord. Au siècle suivant, Dosso Dossi compte parmi ceux qui en infléchissent la dureté graphique par le lyrisme de ses couleurs. Mais autant le premier a connu une riche fortune critique, autant le second est resté dans l'ombre. Originaire de Mantoue, Dosso Dossi (1489-1542) a fait son apprentissage à Venise et passé toute sa vie à Ferrare, au service des ducs Alfonso Ier puis Ercole II d'Este. Il s’exprime dans toutes sortes de petits sujets, tant profanes que religieux, et témoigne tout à la fois d’un goût volontiers excentrique et d’une exceptionnelle luminosité picturale. Ainsi de son Adoration des Mages (1512-1513), que la lumière partage violemment en deux, et de cette puissante Melissa (1515), installée dans un paysage flamboyant. Dosso Dossi brossait ses paysages comme de véritables incendies de couleurs noyant les scènes décrites dans des atmosphères romantiques ou fantastiques. Si cet aspect de son art n’a jamais plu à Vasari, il trouvait en revanche chez l’Arioste un défenseur convaincu. L’auteur de l’Orlando Furioso, en a largement vanté les mérites, comparant l’artiste et son frère cadet Battista, lui aussi peintre, aux plus grands de l’époque. À partir des années 1520, la collaboration avec ce dernier, qui était en contact avec l’école de Raphaël, entraîna Dosso Dossi vers une manière plus ample et des compositions plus classiques. L’exposition du Palazzo dei Diamenti nous invite à découvrir une œuvre méconnue dont l’intérêt réside dans ce qu’elle illustre la collusion entre peinture de cour et peinture religieuse, le Nord et le Sud, Venise et Rome.
FERRARE, Palazzo dei Diamenti, jusqu’au 14 décembre.
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Dosso Dossi, peintre de cour
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°501 du 1 novembre 1998, avec le titre suivant : Dosso Dossi, peintre de cour