Dessins de collection

Le Musée de Tours présente ses plus belles feuilles

Le Journal des Arts

Le 11 janvier 2002 - 571 mots

Riche de quelque 4 500 dessins du XVe au XXe siècle, le Musée des beaux-arts de Tours en présente pour la première fois une sélection de 94 feuilles, qui ont fait l’objet d’une campagne de restauration. Faible pour le XXe siècle, cet ensemble éclectique est dominé par les œuvres néoclassiques.

TOURS - Peu réputé car peu étudié, le fonds de dessins du Musée de Tours n’en conserve pas moins des œuvres remarquables que l’exposition de 94 d’entre elles s’emploie à révéler, en attendant
d’approfondir par d’autres présentations les ensembles les plus imposants. En 1999, par exemple, 2 000 dessins de Jean Baptiste Auguste Vinchon (1786-1855), un peintre néoclassique, prix de Rome en 1814, ont été donnés par ses héritiers. Quelques années auparavant, un fonds de dessins d’architecture réalisés par des élèves de l’École des Ponts et Chaussées avait été offert au musée. Le projet de Jacques Vallée (1747-1774) pour une “maison de plaisance destinée à un prince souverain” nous rappelle que les futurs ingénieurs recevaient une formation d’architecte, sous la direction de professeurs aussi prestigieux de Jacques François Blondel. Ce ne sont que quelques-uns des traits saillants de la collection, qui comprend par ailleurs de nombreux dessins reliés à l’histoire et à la géographie locale. Ceux figurant le château de Richelieu avant les travaux entrepris par le cardinal revêtent un intérêt tout particulier, car, si l’on en connaissait des descriptions, on n’en possédait pas d’images.
Bien que les XVIIIe et XIXe siècles soient les mieux illustrés, les périodes antérieures présentent quelques raretés tel ce Christ en croix entre la Vierge Marie et saint Jean l’Évangéliste, attribué à Jean Cousin le père ou à son fils (XVIe siècle), ou encore La Punition de Cupidon, une étude préparatoire de Prospero Fontana (1512-1597) pour un décor de la villa Giulia, à Rome. Malgré ces chefs-d’œuvre, la qualité des dessins de la période néoclassique domine incontestablement la collection tourangelle. À commencer par ceux de Louis-François Cassas (1756-1827), par ailleurs originaire de la région. Il fut l’un des premiers artistes à voyager en Orient. Les innombrables dessins qu’il a ramenés de son expédition de 1784 à 1787 nourrissent tous ses projets postérieurs comme le Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine et de la Basse-Égypte, qu’il n’achèvera pas. À la différence de ce travail de “reporter”, il compose à l’aide de ses croquis d’authentiques caprices architecturaux, à l’instar des Ruines de Palmyre, un dessin aquarellé de grand format. Plus singulière, l’Étude de Bédouins devant la porte du temple du Soleil à Palmyre donne à voir le patient travail de collage d’éléments épars dont émerge la scène.
À côté des saisissantes études de David pour La Mort de Socrate et le Brutus, ou encore d’un Jeune homme triste attribué à Ingres, le Musée de Tours possède un étrange Autoportrait présumé de Gaudar de Laverdine (1780-1804). Sur l’effigie du jeune homme dessinée aux trois crayons, une main anonyme a étendu à la brosse un mince lavis, dans lequel il est tentant, en référence au décès prématuré de l’artiste, de voir un voile de deuil. L’énigme ajoute à la beauté mélancolique de cette feuille qui fait écho aux figures méditatives ou éplorées de David et Ingres.

- DESSINS XVe-XXe SIÈCLE, COLLECTION DU MUSÉE DE TOURS, jusqu’au 4 mars, Musée des beaux-arts, 18 place François-Sicard, 37000 Tours, tél. 02 47 05 68 73, tlj sauf mardi 9h-12h45 et 14h-18h, catalogue, éd. Farrago, 250 p., 30 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°140 du 11 janvier 2002, avec le titre suivant : Dessins de collection

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