Art ancien

Rennaissance

Des trésors italiens dans les collections du nord

Par Carole Blumenfeld · Le Journal des Arts

Le 24 mai 2017 - 521 mots

Les quatre expositions présentées à Amiens, Beauvais, Chantilly et Compiègne sont l’occasion d’une efficace opération patrimoniale qui révèle la richesse de la peinture italienne des musées septentrionaux.

HAUTS-DE-FRANCE -  L’un des tout premiers projets scientifiques porté par Michel Laclotte dès la création de l’Inha (Institut national d’histoire de l’art) en 2001, le Répertoire des tableaux italiens dans les collections publiques françaises, a été accompagné par un certain nombre de manifestations pour mettre en valeur les collections françaises, mais cette fois-ci « Heures italiennes » permet de fêter l’aboutissement de quinze ans de travaux, soit près de 14 000 tableaux recensés.

À la tête du programme Nathalie Volle est parvenue à transformer l’Inha en un lieu d’échanges exceptionnel, où elle a invité des dizaines de spécialistes tout en menant avec ses équipes un travail de terrain en étroite collaboration avec les partenaires culturels locaux. Les résultats présentés dans les musées d’Amiens, de Beauvais, Chantilly et Compiègne illustrent parfaitement ces dialogues entre connaisseurs. Parmi les 231 œuvres exposées, nombre d’entre elles sont présentés sous de nouveaux noms et des attributions parfois contestées sont ici démontrées telles les deux Entremetteuse (Beauvais, Mudo) rendues à Caroselli par Nikita de Vernejoul.

Des tableaux anonymes ou présentés sous des noms assez génériques dans les musées sont rendus à leurs auteurs : à Amiens, un Bernardini Campi et un Pozzoserrato ; à Soissons, un Coccorante ; à Noyon, un Giacinto De Popoli ; à Château-Thierry, un Cecco Bravo mis à jour par Jean-Christophe Baudequin, qui a aussi découvert un Luigi Reali à Beauvais, tandis que Giuseppe Porzio a identifié un Saint François d’Assise de Beinaschi au Musée Vivenel de Compiègne.

Les expositions rendent justice aux fonds mal connus de l’Abbaye royale de Chaalis, où trois œuvres inédites de Benzoni, Paolo de Freschi et Malatesta da Pistoia ont d’ailleurs été identifiées ; ou aux fonds du Musée Jeanne-d’Aboville à La Fère, qui a gagné un Dalla Lame, un Padovanino, un Maestro del Tondo Campagna, un Carletto et un Simone Peterzano. Le riche catalogue des expositions fait la part belle aux églises, puisque deux Soldini ont été mis à jour dans la chapelle de l’hôpital général à Laon, un Orazio Samacchini dans l’église de La Neuville-en-Hez, un Bernardo Castello dans celle de Verneuil-en-Halatte et une œuvre totalement inédite de Ferrarino dans la cathédrale d’Amiens.

De nombreuses œuvres inédites
« Les chercheurs italiens, confie Nathalie Volle au Journal des Arts, ont été particulièrement enthousiastes face à tous ces inédits, qui apportent beaucoup aux catalogues, parfois minces, de ces artistes. Je pense à Suzanne et les vieillards, chef-d’œuvre de Giovanni Martinelli caché dans les réserves d’Amiens, qui apporte une belle pierre au corpus. L’Apothéose des saints Simon et Jude et d’autres saints, également au Musée de Picardie, a été reconnue par Roberto Contini comme un témoignage unique d’une fresque de Giovanni Marraci pour une petite église près de Lucques. »
Pour Nathalie Volle, « la contemporanéité de ces expositions engage aussi à découvrir une région très proche de Paris, mais trop peu visitée. Nos amis italiens la connaissent bien sûr pour ses chefs-d’œuvre d’architecture gothique mais à l’occasion d’Heures italiennes, nous espérons attirer leur attention sur la richesse de ses musées et de ses églises ».

Heures italiennes, Un voyage dans l’art italien, des Primitifs au Rococo
Trecento-Quattrocento, 10 mars-2 juillet, Musée de Picardie, Amiens
Seicento, 27 avril-17 septembre, Mudo-Musée de l’Oise & le quadrilatère, Beauvais 
Cinquecento, 25 mars-2 juillet, Musée Condé, Chantilly
Settecento, 21 mars-21 août musée national du Palais, Compiègne ; et 14 expositions satellites dans les Hauts-de-France

Légende Photo
Angelo Caroselli, L'entremetteuse ou la vieille et le jeune galant, huile sur toile, Musée départemental de l'Oise, Beauvais. © Photo : RMN (MUDO)/Thierry Ollivier.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°480 du 26 mai 2017, avec le titre suivant : Des trésors italiens dans les collections du nord

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