Domaine départemental de Chamarande

Des artistes emménagent à Chamarande

Jusqu’au 3 otobre 2010

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 23 août 2010 - 393 mots

Prendre ses quartiers d’été à la campagne, à une heure du centre de Paris, telle est la proposition de « Living Rooms/Pièces à vivre ».

Et la directrice Judith Quentel d’égrener un peu partout dans l’imposant bâtiment la propension qu’ont les artistes à coloniser tous les aspects du domestique. Si l’équation ne fonctionne pas à tous les coups, certains des seize artistes exposés (alternant productions nouvelles et pièces préexistantes) tirent leur épingle du jeu.

Comme les Suisses Chapuisat (deux frères) dont l’échafaudage tentaculaire s’est greffé à la cage d’escalier. Entre virus architectonique et structure de divertissement (les fameuses « cages » longtemps installées sur les aires de jeux pour enfants et désormais interdites), l’installation permet à l’imagination de divaguer.

Plus mutiques et intellectuelles, les œuvres de l’Écossais Martin Boyce ont déjà été grandement appréciées à la Biennale de Venise l’an dernier. Maniant le modernisme avec brio, l’artiste a choisi de réinterpréter les arbres de béton dessinés par Robert Mallet-Stevens et les frères Martel pour le Salon des Arts décoratifs de 1925. Un ascétisme qui transforme l’incursion en jardin intérieur, un espace du zen plutôt éloigné des surfaces pailletées de Vincent Beaurin. Celui-ci a pris possession de l’ancienne chapelle qu’il dote désormais d’un objet de dévotion en polystyrène recouvert de particules de quartz et de poudre de marbres colorés. Drôle d’ex-voto ou de relique, comme il vous plaira.

Une dimension pop qui n’échappe pas non plus aux meubles de Liz Craft. Lierre et fleurs sont ici brodés à même les corps mobiliers, un exercice artisanal qui envahit même jusqu’au mannequin d’une princesse endormie. Ce même enjeu décoratif domine les œuvres de Gitte Schäfer, avec toutefois davantage de profondeur. Sa marqueterie de marbre, cristaux de sel et œufs est remarquable d’espièglerie et de réflexion sur les codes de l’agrément. Reste à débusquer ses autres trompe-l’œil tout aussi retors.

D’autres artistes ont davantage réfléchi à une interaction avec l’histoire du lieu, à l’instar de Florence Doléac qui est partie de l’ancien usage du salon Persigny pour y installer une salle de billard dont les boules servent de poufs. Si l’exposition frise parfois l’effet « déco » pas toujours inspiré, elle permet néanmoins une visite stimulante.

Voir

« Living Rooms. Pièces à vivre », Domaine départemental de Chamarande, Centre d’art contemporain, 38, rue du Commandant Arnoux, Chamarande (91), tél. 01 60 82 52 01, jusqu’au 3 octobre 2010.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°627 du 1 septembre 2010, avec le titre suivant : Des artistes emménagent à Chamarande

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