De Monchaux au masculin

L'ŒIL

Le 1 septembre 2000 - 242 mots

« Je ne pense pas qu’il soit possible de travailler à partir d’une perspective féminine. La façon dont je perçois le monde est véritablement masculine puisque le monde est masculin par essence.» Une telle déclaration peut surprendre chez une artiste essentiellement préoccupée par la mise en place de formes souvent oniriques dans l’espace d’exposition. Cathy de Monchaux appartient à cette génération d’artistes anglais qui ont soudain occupé le devant de la scène artistique à la fin des années 80 et au début des années 90. Alors que Damien Hirst produisait des œuvres largement tributaires de sa profonde fascination pour la maladie et la mort (notamment dans ses pièces pharmaceutiques), Cathy de Monchaux se singularisait par d’étranges sculptures aux formes difficilement définissables. Reliquaires médiévaux, instruments de musiques, bijoux baroques, ornements gothiques, instruments de tortures victoriens, panoplies sadomasochistes, autant d’influences que l’on peut invoquer face à des œuvres vaguement érotiques. C’est justement en jouant sur l’ambiguïté des formes et de leur mise en relation que Cathy de Monchaux réussit la gageure de nous entraîner dans un monde à mi-chemin entre l’abstraction et la figuration. De cette tension naissent des environnements qu’elle considère comme des architectures à rêver. Il est vrai que face à ces réalisations, le spectateur prend soudain conscience du fossé qui existe entre ses désirs, ses fantasmes, ses peurs, ses cauchemars et une réalité qui sans cesse gomme tout ce qui pourrait générer frustrations ou envies.

WASHINGTON, Hirshhorn Museum, jusqu’au 22 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : De Monchaux au masculin

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