Dans les coulisses d’Alain Bublex

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 4 décembre 2007 - 373 mots

Alain Bublex aime mieux prévoir que faire. Parfois, il envisage même de prévoir de ne pas faire. De ce penchant, il fait de temps en temps une œuvre. Exemple : une série de maquettes de voitures présentées inachevées. Du temps potentiel nécessaire à leur achèvement, Bublex tire des socles destinés à exposer les dites miniatures. Exemple encore : Les Tentatives, furtifs accrochages d’œuvres amorcées en 1996 que l’artiste documente par des photographies. Autrement dit, une série d’expositions réelles, mais qui n’auront jamais été vues autrement que par leurs catalogues. Après tout, ainsi va le destin de la plupart des expositions.
Alain Bublex démonte tout, mais remonte peu. Pour sa première monographie en institution, il garde le cap et cultive la tentative. Voilà donc l’exposition ventre à l’air, détaillant ses conditions de production et reprenant un certain nombre de travaux antérieurs. L’exposition n’est-elle pas « une situation de travail sur le travail » ?
Alain Bublex a mille idées à la seconde et sait mieux que personne les goupiller les unes dans les autres. Parcourir son exposition genevoise c’est parcourir un organigramme turbulent que l’artiste prend d’ailleurs soin de punaiser au mur. On traverse un atelier de menuiserie, celui d’un garagiste – transistor, bécanes, odeurs de cambouis et de café compris – et même une banale chambre de motel prélevée dans Glosscap, la vraie fausse ville dont il imagina il y a longtemps déjà la (pleine) possibilité sur les bords d’un lac canadien. On entre et on sort de là par deux espaces qui prennent soin de se donner des allures de musée.
Pas de doute, ce que montre lestement Bublex c’est le présent d’une exposition. Un peu comme la série Arrêt soudain qui ouvre le parcours. Cinq modestes photographies déclinant cinq points de vue sur un pauvre bâtiment en plein champ. Ce qu’elles montrent : l’activité du photographe qui s’arrête – soudainement – devant le motif et le photographie cinq fois. Ce qu’elles disent : l’objectif de la photographie c’est d’être prise. Comme tout le reste, c’est aussi une manière d’agir dans le réel. Et Alain Bublex qui n’est pas si zinzin, n’aime rien moins que ça.

« Alain Bublex », Mamco, 10, rue des Vieux-Grenadiers, Genève (Suisse), tél. 41 22 320 61 22, jusqu’au 27 janvier 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°597 du 1 décembre 2007, avec le titre suivant : Dans les coulisses d’Alain Bublex

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