Art contemporain

Dans la tête de Djurberg et Berg

Mac, Lyon (69) – Jusqu’au 9 juillet 2023

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 27 mars 2023 - 322 mots

Installation Vidéo -  Les contes et comptines n’ont de doré que leurs apparences ; l’envers est toujours plus sombre, qui libère les inconscients d’une société.

Les installations vidéo de Nathalie Djurberg et Hans Berg s’inscrivent dans cette histoire. Elle est plasticienne ; elle bricole de petits personnages qu’elle anime et filme en stop-motion (image par image). Lui est musicien ; il compose la bande-son de ces petites saynètes que l’on pourrait prendre, au premier regard, comme de gentilles animations enfantines. Il n’en est rien, bien sûr. S’ils semblent sortis des contes d’Andersen, les personnages (un loup, un cochon, une lune, une fillette…) sont pathétiques, sournois et cruels. Mais ils sont si mesquins et si laids qu’ils en deviendraient drôles, pour un peu, à l’instar du renard fumeur de joint ou du loup qui fait rôtir à la broche un cochon vivant. Si les vidéos ont la noirceur des films de Tim Burton, ils n’en possèdent pas moins l’esprit décalé de Wallace et Gromit de Nick Park. Pour sa première exposition personnelle en France, le duo d’artistes suédois présente à Lyon sept de ses vidéos d’animation dans une gigantesque installation immersive pensée comme une… « soupe ». Parfaitement, une soupe ! Dans une salle courbe qui évoque la rondeur d’une assiette creuse, Nathalie Djurberg et Hans Berg ont créé d’immenses – et d’attrayants – ingrédients dans ou sur lesquels ils projettent les films : une carotte (dans laquelle certains verront un phallus), un oignon – ne comptez pas sur nous pour développer l’allusion… –, un œuf mollet, etc. On se croirait dans un parc d’attraction ! À moins que la forme de la salle n’évoque davantage un cerveau qu’une assiette ; les légumes seraient alors des lobes de la pensée… Dans ce cas, le visiteur se retrouverait plongé non plus dans un potage, mais dans le crâne de Nathalie Djurberg et Hans Berg. Un cerveau dérangeant, bien sûr. Cette perspective est, comme l’installation, des plus réjouissantes…

« Nathalie Djurberg et Hans Berg. La peau est une fine enveloppe »,
Musée d’art contemporain (Mac), Cité internationale, 81, quai Charles-de-Gaulle, Lyon (69), www.mac-lyon.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Dans la tête de Djurberg et Berg

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