Corps à corps

Rétrospective d’Anthony Gormley en Espagne

Le Journal des Arts

Le 25 janvier 2002 - 363 mots

Né à Londres en 1950, Anthony Gormley joue un rôle fondamental dans
le paysage de la sculpture anglaise contemporaine. À Saint-Jacques-de-Compostelle, sa première rétrospective en Espagne montre un artiste obsédé par la figure humaine.

SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE (de notre correspondant) - Comme le montre l’exposition du Centre d’art de Saint-Jacques-de-Compostelle, le travail initié par Anthony Gormley à la fin des années 1970 a pu se confondre avec une volonté de rendre à la représentation anthropomorphique un rôle central dans la sculpture contemporaine, problématique niée pendant une partie du XXe siècle. Interrogeant le rôle du corps humain dans l’art, et sa relation avec l’espace et le spectateur, l’artiste a pris pour habitude de travailler à partir de moulages en plâtre de son propre corps, avant d’en obtenir des tirages en métal. Cette obsession ne l’a pas empêché d’obtenir une large reconnaissance critique puisqu’il a été lauréat en 1994 du Turner Prize. Parfois considéré comme un artiste réactionnaire, un provocateur préoccupé par des recherches souvent considérées comme désuètes, Antony Gormley a consacré ces vingt dernières années à l’approfondissement des rapports qui s’établissent entre la statue et l’espace. Ce duo forme l’axe fondamental de la sculpture et la raison de ses évolutions : la statue se transforme selon son emplacement. À l’inverse, le lieu l’accueillant est souvent modifié par sa seule présence. Gormley altère dans ses sculptures la perception commune de l’espace en imposant la présence du corps humain ou parfois simplement le reflet de cette présence comme dans Bed (1981), Flesh (1990) ou Sense (1991), œuvres gardant le souvenir d’un corps absent.
Cette variation de l’espace prend réellement sa dimension dans les installations extérieures de l’artiste. Contemplant la mer, ses figures confèrent au paysage une émotion profonde et mélancolique, souvent loin de la grandiloquence de l’ange aux ailes déployées d’Angel of the North (1998). Vagabonds errants dans les rues, les personnages de Total Strangers surprennent les passants. Enfin, une de ses dernières interventions urbaines, Quantum Cloud (1999), construite par le biais d’un enchevêtrement de tubes d’acier, oscille entre monumentalité et légèreté.

Antony Gormley, du 31 janvier au 31 mars, Centro Galego de Arte Contemporanea, Valle Inclán, Saint-Jacques-de-Compostelle, tél. 34 98 164 66 19, tlj sauf lundi 11h-20h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°141 du 25 janvier 2002, avec le titre suivant : Corps à corps

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