Art ancien

Paris-8e

Collection Alana, beauté divine !

Musée Jacquemart-André - Jusqu’au 20 janvier 2020

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 26 septembre 2019 - 403 mots

PARIS

La collection Alana, l’une des plus prestigieuses collections privées d’art de la Renaissance italienne au monde, est à l’honneur à Paris avec plus de soixante-quinze chefs-d’œuvre des plus grands maîtres italiens réunis.

L’exposition s’ouvre par un accrochage extrêmement dense évoquant l’intérieur du collectionneur. On y trouve un florilège, d’œuvres allant du XIIIe au XVIIe siècle, reflet de la collection. Dans ce foisonnement, on retient plusieurs retables privés du début du XIVe siècle aux fonds d’or intacts, deux fragments d’une Crucifixion de Bellini, un délicieux petit tondo de Della Robbia en terre cuite peinte, et surtout un portement de croix de Romanino du XVIe, qui se situe entre la tradition du réalisme lombard et le luminisme vénitien que le Caravage avait dû étudier. La deuxième salle, plus aérée, amorce un parcours topo-chronologique avec les deux œuvres les plus anciennes de la collection, datées du XIIIe siècle. Elles montrent de façon intéressante l’évolution du style entre cette Vierge à L’Enfant du Maître de la Madeleine, très graphique, de culture byzantine, et quelque chose de plus fluide avec ce Dossale d’un peintre romain de la même période. Bernardo Daddi est représenté par deux petits chefs-d’œuvre, une Crucifixion et une Vierge à l’Enfant qui traduisent le giottisme florentin dans toute sa magnificence. Dans la salle suivante, le XIVe siècle, celui de Masaccio, est illustré par différentes œuvres réalisées sous l’effet mobilisateur de ce génie, se traduisant par l’influence, visible chez Filippo Lippi dans sa recherche d’un volume au naturel, ou la résistance, perceptible dans cette Annonciation magnifiquement archaïque de Lorenzo Monaco, ou encore la rivalité, avec un exceptionnel fragment d’Ucello qui, le premier, s’intéressa à la perspective et à son intégration dans la peinture, et pour finir la transcendance, dans ce tout petit chef-d’œuvre peint par Fra Angelico pour le cardinal Torquemada, concentrant à lui seul toute la science de la lumière et la transparence de l’air, nouveauté initiée par Masaccio. L’espace consacré au XIVe siècle florentin présente, entre autres bijoux, un Christ a tempera de Rosselli d’influence flamande, étonnamment bien conservé. Dans la salle vénitienne, on découvre des chefs-d’œuvre du XVIe, dont une Adoration des bergers de Bassano, un Tintoret typique et un Véronèse d’un naturalisme sobre. La salle florentine présente un Joueur de flûte luministe de Pontormo et un Saint Cômeéblouissant de son élève, Bronzino. Un tableau ultramoderne d’Annibal Carrache et plusieurs œuvres caravagesques de Manfredi et de Gentileschi ferment le ban. Riche et éblouissant.

« La Collection Alana. Chefs-d’œuvre de la peinture italienne », Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann, Paris-8e, www.musee-jacquemart-andre.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°727 du 1 octobre 2019, avec le titre suivant : Collection Alana, beauté divine !

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