Musée

Les journées européennes du patrimoine

Claude d’Anthenaise : « Mieux vaut se concentrer sur trois ou quatre monuments et créer de grands événements »

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 21 août 2013 - 513 mots

PARIS

Claude d’Anthenaise est directeur du Musée de la chasse et de la nature à Paris.

L’œil : Quelle est la fonction principale de l’art contemporain dans les sites historiques ?
Claude d’Anthenaise :
Il doit être un support pour le rêve, une manière d’activer un monde antérieur. C’est ce que j’ai essayé de faire au Musée de la chasse et de la nature, mais aussi pour la manifestation nationale « Monuments et animaux » organisée l’an dernier par le Centre des monuments nationaux dans quarante sites. À chaque fois, je suis parti de la vocation du lieu, de son histoire, avant de proposer des supports de quêtes mémorielles. La disparité des objets, du mobilier et des interventions d’artistes au Musée de la chasse et de la nature est admise, appréciée du public, car les espaces ont été aménagés dans l’esprit d’une maison de famille ou de collectionneur.
Quand vous visitez l’abbaye du Thoronet, il n’y a rien du tout, aucun équipement technique. L’intervention de l’art contemporain est plus difficile. Quand elle existe, elle induit d’être extrêmement bien conçue et accompagnée, tant sur le plan du dialogue avec l’artiste qu’en termes de communication et de médiation. Si on veut faire sortir de l’ombre des monuments, mieux vaut se concentrer sur trois ou quatre d’entre eux et créer de grands événements.

L’incorporation de l’art contemporain au Musée de la chasse et de la nature et la programmation régulière d’expositions d’artistes contemporains ont-elles contribué à accroître sa fréquentation ?
Complètement. Le musée était dans l’oubli lorsque je suis arrivé en 1998, la présence de l’art contemporain a provoqué une dynamique très intéressante par rapport aux collections anciennes qui demeurent majoritaires. Nous sommes passés de 7 500 entrées à 50 000 aujourd’hui. Certains jours, nous sommes en capacité maximale.

Qu’est-ce qui garantit le succès de l’union entre art contemporain et monument historique ?
La cohérence intellectuelle, visuelle et esthétique entre la pièce réalisée par l’artiste ou sélectionnée dans son fonds et le monument qui l’accueille. L’intervention de l’artiste ne doit pas faire oublier le lieu, effacer son existence ; il ne doit pas y avoir de concurrence déloyale qui ferait que le public n’ait de regard que pour les pièces de l’artiste et ne porte aucun intérêt au monument. Le visiteur doit être immédiatement conscient de cette cohérence. De manière générale, le public des sites historiques n’a pas envie d’être perturbé dans sa visite. D’où l’importance de l’accompagnement pédagogique et de textes clairs.

Quel est le rapport des artistes face aux intérieurs très habités de cet hôtel de Guénégaud ?
Certains artistes sont très inquiets ou refusent, comme Penone, car ils ont besoin de grandes marges pour exister. D’autres jouent le jeu et acceptent les contraintes et le dialogue. L’installation réalisée en 1998 par Gloria Friedmann, première intervention d’un artiste au musée, m’a conforté dans ce sens. Gloria Friedmann et Annette Messager n’y avaient jamais mis les pieds ; elles l’ont trouvé formidable et l’ont perçu comme une immense installation. Tout ce qui était vécu comme ringard jusque-là était vu par ces artistes avec un autre regard.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Claude d’Anthenaise « Mieux vaut se concentrer sur trois ou quatre monuments et créer de grands événements »

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque