Chamberlain : repenser la sculpture

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 23 juillet 2007 - 244 mots

Dans le même temps où, en France, Roland Barthes célèbre dans son ouvrage Mythologies (1957) la nouvelle DS Citroën et où César s’apprête à ériger l’automobile en statue, l’Américain John Chamberlain trouve dans une Ford « un matériau disponible, déjà peint ».

Il faut dire que l’époque s’ouvrait à la société de consommation et que la voiture passait pour en être la figure parangon.

Né en 1927 à Rochester, Chamberlain entame sa carrière artistique sous influence expressionniste abstraite mais, à sa différence, réfute toute projection subjective dans le travail. Les carcasses de voiture qu’il compresse et « modèle » se transforment sous ses mains en de puissantes sculptures baroques qui se jouent des pliures du matériau, de ses variations colorées et de tous ses effets de relief. Ce faisant, promoteur d’une forme d’expression gestuelle, Chamberlain a contribué à repenser la sculpture tout entière au niveau des matériaux, des volumes, de la facture, de la couleur et de l’iconographie.

Fidèle à sa manière, sa dernière livraison témoigne de la singularité d’une esthétique qui balance entre énergie et sensualité et du caractère prospectif d’une pratique originale. De fait, son œuvre procède de l’assimilation syncrétique des différentes mouvances de son temps, expressionnisme abstrait, Pop Art et Art minimal confondus. Aussi l’art de Chamberlain n’appartient-il à aucune chapelle ; il est fondamentalement libre et ses préoccupations sont avant tout sculpturales.

« John Chamberlain »

galerie Karsten Greve, 5, rue Debelleyme, Paris IIIe, tél. 01 42 77 19 37, jusqu’au 30 juin 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°592 du 1 juin 2007, avec le titre suivant : Chamberlain : repenser la sculpture

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