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Chagall chez Breton ?

L'ŒIL

Le 1 décembre 2001 - 265 mots

A la question posée par Jean-Michel Foray pour sa première exposition au Musée national Message biblique de Nice « Chagall surréaliste ? », la réponse est claire : non. Certes le débat mérite d’être lancé. Les toiles du peintre russe sont peuplées d’images étranges : un village monté sur deux jambes, un homme-coq flottant au-dessus des toits de Vitebsk, une table qui danse dans la superbe Chambre jaune de la Fondation Beyeler. Mais elles ne sont ni des images du rêve, ni le fruit de l’inconscient. Elles véhiculent une vision très personnelle, subjective du quotidien. « Au moment où les écrivains surréalistes commençaient à mettre à mal la notion d’auteur, précise Jean-Michel Foray,
Chagall de son côté procédait à une survalorisation de celle-ci ».
Car, dans son travail, Chagall est partout présent avec les citations directes de ses souvenirs d’enfance, avec les références aux célébrations hassidiques ou aux traditions russes. Et les quelques éléments historiques, qui auraient pu faire pencher la balance du côté d’un Chagall surréaliste, sont d’ailleurs rapidement balayés. Certes, entre 1910 et 1913, Chagall côtoie Apollinaire qui qualifie sa peinture de « surnaturelle ». Certes, en 1924, Max Ernst, Eluard et Gala demandent à Chagall d’adhérer au groupe surréaliste en cours de constitution. Mais celui-ci refuse et continue à peindre ses autoportraits, en croix ou à sept doigts. L’artiste reste au cœur de sa production, au grand dam de Breton qui continua pourtant à admirer son œuvre.

- NICE, Musée national Message biblique Marc Chagall, av. Dr. Ménard, tél. 04 93 81 75 75, cat. éd. RMN, 22,11 euros, 22 septembre-7 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°532 du 1 décembre 2001, avec le titre suivant : Chagall chez Breton ?

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