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Celtes et Romains de Hongrie

L'ŒIL

Le 1 mars 2002 - 484 mots

Utile prolongement des « Ors préhistoriques de Hongrie » (L’Œil n°531), l’exposition du Musée de Saint-Romain-en-Gal présente, sous la houlette de Jacques Lasfargues, le versant quotidien et populaire de l’histoire hongroise du Ier millénaire avant notre ère. 250 œuvres du Musée national de Budapest – céramiques communes, urnes cinéraires, panoplies de guerrier... – dressent un panorama complet de l’évolution du Bassin des Carpates de la fin de l’Age du bronze à la fin de l’Age du fer. On saluera la volonté didactique qui préside à l’exposition. Celle-ci évite les écueils traditionnels des présentations archéologiques grâce à un solide appareil pédagogique. Des « thermochronomètres » permettent à tout point du parcours de se repérer clairement dans le temps. Une impressionnante reconstitution d’un rempart et d’un tumulus celtiques restitue le contexte architectural et funéraire des objets présentés. Si l’approche privilégiée est résolument ethnographique et pédagogique, les œuvres sont également replacées dans une perspective historique. On touche là le propos sous-jacent à l’exposition : A partir du Ve siècle av. J-C., arrivant de l’Ouest, les Celtes réalisent l’unité du Bassin carpathique, jusque là mosaïque de cultures, avec principalement les Scythes à l’Est du Danube et les Hallstattiens à l’Ouest ; une tradition commune, celtique, unit alors l’histoire de nos contrées à celle de la Hongrie. « Ce pays est le cousin, presque le frère du nôtre, ou mieux, nos grands-parents étaient frères », commente Jacques Lasfargues. En témoignent ces fibules, ces torques ou ces casques pointus qu’on retrouve identiques en Bourgogne ou en Champagne, à 1500 km de là. Plus largement, les fouilles reflètent une même organisation hiérarchique et guerrière de la société, une même organisation du territoire autour d’agglomérations fortifiées. « On caricaturerait à peine en disant que l’oppidum du Mont-Beuvray et celui de Velem Szentvid sont interchangeables ». Bien évidemment, de nombreuses nuances liées aux particularismes locaux apparaissent. L’influence balkanique joue ici son plein. De leurs contacts méridionaux, les Celtes de Hongrie ont ramené des éléments bien spécifiques, telles ces perles de verre en forme d’amphores, inconnues en Europe de l’Ouest. L’invasion romaine va prolonger ces histoires parallèles durant cinq siècles. Les légionnaires prennent le relais des guerriers celtes, et Lyon celui de Saint-Romain-en-Gal pour aborder la période suivante. L’exposition du Musée de la Civilisation gallo-romaine s’ouvre sur deux bustes de Marc-Aurèle, l’un en bronze, fidèle aux canons romains, l’autre plus fruste, en calcaire, réalisé par un atelier local. Si elle renvoie aux Pensées pour moi-même de l’empereur, cette présentation introduit le caractère particulier de la romanisation dans la province romaine de Pannonie, qui prend la forme d’une confrontation et d’un syncrétisme original de deux cultures aux racines différentes, celte et romaine.

- LYON, Musée de la Civilisation gallo-romaine, 17 rue Cléberg, tél. 04 72 38 81 90 et SAINT-ROMAIN-EN-GAL, Musée-Site archéologique, Grand rue de la Plaine, tél. 04 74 53 74 00, 14 décembre-31 mai, cat. coéd. RMN, 120 p. et 23 € chacun.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°534 du 1 mars 2002, avec le titre suivant : Celtes et Romains de Hongrie

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