Cécile Reims - Libre d’interpréter

Cet éclairage prend la forme d’une rétrospective construite sur les bases du catalogue raisonné de ses gravures publié un an plus tôt. L’ouvrage et les planches exposées réconcilient, chez le graveur, le créateur avec son double, l’interprète. Ils font la démonstration magistrale que six décennies penchées sur les dessins des autres ont développé l’intime et l’imaginaire de Cécile Reims, reine du burin et de la pointe sèche.

Parmi les dix artistes qu’elle a gravés, trois font figure de maîtres-penseurs. Hans Bellmer d’abord, des dessins érotiques duquel elle sut admirablement restituer la ligne longue et souple. Ensuite, vint sa collaboration avec Fred Deux qu’elle épousa en 1952. Leur coopération atteste du mariage réussi de la précision infinie du dessin original et de celle, non moins virtuose, de son double sur cuivre. Dernière mais pas des moindres, la rencontre avec Leonor Fini, en 1972, qui a débouché sur pas moins de 370 estampes à redécouvrir. 

Le talent de Cécile Reims aura été de conjuguer, au pluriel, fidélité et libre interprétation du travail d’autrui tout en développant un œuvre personnel mis en suspens, puis repris dès les années 1970. À 83 ans, elle n’a rien perdu de son « Élan vital », titre de sa dernière série en cours. Une suite gravée par un burin de velours.