Carrément extraordinaire

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 1 juin 2005 - 731 mots

Du 26 au 29 mai, les antiquaires et galeries d’art du Carré rive gauche exposent au public leurs plus belles découvertes de l’année. Un tour du monde en 4 jours d’œuvres d’art de toutes époques.

Comme chaque année depuis vingt-huit ans, le célèbre quartier parisien baptisé le Carré rive gauche convie le collectionneur, l’amateur et le promeneur à une petite balade de printemps. Plus de cent vingt marchands de toutes les spécialités se sont mobilisés pour présenter les « objets extraordinaires » qu’ils ont glanés tout au long de l’année. Rares, uniques, singuliers, étranges,
insolites, inédits, magnifiques ou de provenance exceptionnelle : les objets du cru 2005 s’annoncent prometteurs. En avant-première, nous avons sélectionné quelques-uns des meilleurs morceaux.
Chez Jean-Michel Guéneau une rare table vénitienne (90 000 euros) datant de la fin du XVIe-début du XVIIe siècle trône au 22 de la rue de Beaune. Son plateau offre un riche décor d’incrustations d’ivoire et de nacre. « Cette table fait partie d’un ensemble de mobilier marqué du sceau “CCC”. Ce monogramme est celui de Carlo Conti, cardinal sous le pontificat de Clément VIII (1592-1605), puis nonce apostolique auprès de Rudolphe II de Habsbourg », précise l’antiquaire. Animal fantastique qui fascine encore aujourd’hui, un griffon du XVIIe siècle (24 000 euros) exécuté en tôles de fer martelées et repoussées, s’impose à la galerie Saint-Martin du 11 rue des Saints-Pères. Menaçant, gueule béante, il repose sur son séant, sa longue queue mourant dans une volute et une fleur stylisées. « Le rendu saisissant des masses musculaires, l’expression qui caractérise la bête fabuleuse ainsi que sa taille exceptionnelle (78 cm de haut) signent une sculpture de rare qualité », souligne Éric Chapoulart.

Objets, meubles, vêtements
Derrière un bol à thé chinois (45 000 euros) d’une simplicité apparente se cache parfois un grand trésor. Celui de Gérard Lévy (17 rue de Beaune), en laque polychrome, remonte à la dynastie des Qing. Daté du onzième mois de 1746, il est issu du service utilisé par l’empereur Qianlong (1736-1795). Un poème écrit par le souverain, sculpté en haut-relief rouge cinabre sur fond vert thé, se déroule autour du bol : il décrit la préparation et les vertus du thé que l’auteur associe à la foi bouddhique. Chez Jacques Lafon au 32 rue de Verneuil, une rare paire de fauteuils autrichiens tout en volutes (30 000 euros), exécutée vers 1880, témoigne du savoir-faire de la maison Thonet. « Le bois courbé est la spécificité de cette grande enseigne créée au milieu du XIXe siècle en Autriche et qui a inventé cette technique, explique le marchand. Ces deux sièges de grande décoration en sont de très beaux exemples.
Ils sont à rapprocher des collections du musée d’Orsay. » Présenté comme un tableau, un dessin préparatoire à la gouache du peintre nabi Maurice Denis (45 000 euros), projet de décor mural en
papier peint jamais réalisé, est l’œuvre phare de la galerie Antoine Laurentin. Intitulé Les Harpistes,
il fait partie d’une série de douze projets de papier peint dont un seulement fut édité. « Le tracé des silhouettes, sans relief, et la répétition de séquences, aux lignes sinueuses, montrent l’influence
des estampes japonaises », relève le galeriste. Peu banale et ludique, la maquette de l’Atomium (31 000 euros) présentée chez France de Forceville (5 rue de Beaune). « En aluminium, acier et bois, cette réplique étonnante du monument symbole de la capitale européenne réalisé à l’origine pour l’Exposition universelle de 1958 à Bruxelles, rappelle l’antiquaire, se met à tourner lorsqu’elle est branchée et l’ensemble des hublots clignote de toutes les couleurs. » Au 14 rue de Beaune, une robe haute couture signée Pierre Cardin des années 1980 (6 500 euros), en double crêpe blanc, se présente telle une sculpture comme Catherine Arigoni aime à la comparer. Le décolleté en forme de cœur s’enroule sur l’épaule et offre deux corolles dans lesquelles se nichent quatre roses blanches en soie. Une traîne vient compléter l’ensemble.
Ces quatre jours de découverte sont aussi l’occasion de visiter les nouveaux venus dans le quartier : Arums pour les objets autour du verre ; Origines, galerie spécialisée dans les cheminées d’intérieurs ; Xavier Delesalle pour meubles et objets du XIXe ; les bijoux chez Anaconda ; la galerie Ban Po d’art d’Extrême-Orient ; Giorgio Salvai pour le mobilier XVIIIe ; le Jardin dans l’art d’Olivia Lamy-Chabolle ainsi que les galeries Mandalian-Paillard, Orféo et Marie-Alexandrine Yvernaul pour le XXe siècle.

« Objets extraordinaires, la passion de l’art », Carré rive gauche 2005, 26-29 mai, PARIS, quai Voltaire, rue des Saints-Pères, rue de l’Université, rue du Bac, rue de Lille, rue de Beaune, rue de Verneuil, rue Allent, VIe-VIIe, tél. 01 42 60 70 10, www.carrerivegauche.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°570 du 1 juin 2005, avec le titre suivant : Carrément extraordinaire

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