Carrefour des cultures

Cet été, « Sakahan », quinquennale d’art indigène, avait timidement abordé l’identité autochtone à travers sa situation internationale. L’analyse se poursuit cet hiver à Montréal, nouvelle étape de l’exposition « Beat Nation, Art, hip-hop et culture autochtone » initiée par la Vancouver Art Gallery et consacrée aux pratiques de l’hybridation des premières nations à la culture hip-hop. Des vélos utilisés dans le free-ride customisés d’emblèmes métis jusqu’à une fresque de tags influencés par les cultures de la côte Ouest canadienne en passant par les décors de perles sur étui d’iPhone de KC Adams, les artistes exposés ont tous parfaitement métabolisé leur héritage indien avec les codes contemporains et la philosophie de l’univers hip-hop.
Art de revendication politique à ses débuts et pratique du métissage, le hip-hop trouve un écho particulièrement fécond dans la réalité indienne nord-américaine. Les jeunes générations d’artistes sont ainsi parfaitement en phase avec l’esthétique et l’engagement du hip-hop, qu’elles régénèrent grâce au patrimoine propre à chaque nation. Aucun médium n’échappe ainsi à ces mélanges qui bousculent avec humour les images d’Épinal des cultures autochtones, à l’instar de la table de mixage sculptée par Jordan Bennett en noyer et chêne ! La culture autochtone est-elle soluble dans celle du hip-hop ou inversement ? Telle est la passionnante question que sous-tend ainsi cette nouvelle nation du rythme.