Carlos Garaicoa couronné

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 juillet 2005 - 297 mots

Coup de jeune sur la fondation Prince Pierre de Monaco qui profite de la fièvre ambiante à vouloir couronner les artistes contemporains de prix en tous genres pour rafraîchir ses critères et modalités de sélection. Jusqu’ici campé sur ses arrière-gardes, le prix international d’art contemporain attribuait sa dotation aux seules pratiques de la peinture et de la sculpture. Dépoussiérée, la nouvelle formule examine une cinquantaine d’œuvres soumise par un panel international d’acteurs de la scène artistique. Désormais nanti d’un solide conseil artistique, et piloté par Jean-Louis Froment, le prix (15 000 euros de prix, 15 000 euros de crédit à la production et une exposition monégasque sont offerts au lauréat) a choisi d’encourager cette année le cubain Carlos Garaicoa, fondant sa décision sur Carta a los censores (Lettre aux censeurs), une œuvre datant de 2003 dont on avait déjà pu apprécier la tension nostalgique à la Tate Modern. Hissé sur un échafaudage de bois aussi dense que précaire, l’impeccable et rutilante maquette d’une salle de cinéma reconstruite, accueille quelques photographies de cinémas havanais en ruine, tandis que sur un écran privé d’images, défile une longue liste des films ayant fait l’objet de censure. Commentaire sur l’architecture comme production symbolique, variation sur la liberté d’expression, sur la destruction des « lieux créés pour les images », regard attentif porté sur la/sa ville, l’impressionnant dispositif agit comme une mémoire spatiale, frottant en un même geste collecte nostalgique d’une architecture cubaine décadente et réinvention de la ville. À chercher du côté de la vigilance politique et peut-être bien de la rédemption.

« Prix international d’art contemporain 2005, Carlos Garaicoa », MONACO. L’œuvre lauréate est présentée salle du quai Antoine Ier, jusqu’au 10 juillet ; une exposition personnelle a lieu jusqu’au 15 août, au théâtre Princesse Grâce – centre de rencontres internationales, 12 avenue Ostende.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°571 du 1 juillet 2005, avec le titre suivant : Carlos Garaicoa couronné

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