Musée

Montréal (Canada)

Calder, un bel équilibre

Musée des beaux-arts - Jusqu’au 24 février 2019

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 20 décembre 2018 - 330 mots

MONTREAL / CANADA

Élégante, enthousiaste, l’exposition que le Musée des beaux-arts de Montréal consacre à Calder offre une rétrospective de l’inventeur des mobiles et stabiles, à qui la ville de Montréal doit un de ses joyaux artistiques : Les Trois Disques, sculpture monumentale héritée de l’Exposition universelle de 1967.

Logiquement, le parcours finit sur cette apothéose dont les pièces d’acier de 36 tonnes ont été fondues en Touraine, non loin des terres d’élection de Calder, installé à Saché à partir de 1963. L’exposition fait surtout voir combien Le Cirque développé à Paris entre 1926 et 1931, filmé par Painlevé en 1955 – transition futée vers la première salle de mobiles –, influence considérablement l’équilibrisme de ces œuvres gracieuses comme des trapézistes. La commotion ressentie par Calder après la visite en 1930 de l’atelier de Piet Mondrian – qu’il aurait été judicieux d’illustrer dans l’exposition – le propulse dans une conquête de l’espace et du mouvement sans faux-semblant. C’est Marcel Duchamp qui trouvera le bon mot pour ses sculptures aériennes, se dérobant à chaque instant à la fixité du tableau. Une peinture pourtant toujours présente en filigrane, loin d’être anecdotique comme dans Blue Pannel (1936) et White Pannel (1937), associations magistrales d’un monochrome et d’un mobile. Puis l’exposition décolle, comme une mise en apesanteur, par une salle immaculée où les mobiles et stabiles forment un écosystème lent et hypnotique. Les œuvres y dansent dans un souffle ; habilement éclairées, elles se démultiplient dans un ballet d’ombres. Phoque, araignée, poisson, oiseaux, l’animalité insuffle son inspiration au bricoleur de génie qui a su incorporer toutes les forces de l’espace jusque dans ses mobiles-gongs : au gré des énergies de l’espace, une pièce peut venir frapper un disque particulièrement sonore. Subtilement, le concept d’animisme se vérifie : ces objets-là ont bien une âme, au diapason avec les déplacements des visiteurs. L’œuvre de Calder a beau être assez bien connue, elle reste un enchantement et une redécouverte constante que l’exposition sert impeccablement, avec un sens parfait de l’équilibre.

« Calder, un inventeur radical »,
Musée des beaux-arts, 1380, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Canada), www.mbam.qc.ca

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Calder, un bel équilibre

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