musée et galerie

Burkhard ou le mystère de la photo

L'ŒIL

Le 1 décembre 1999 - 250 mots

Longtemps une croyance par tous partagée faisait de l’image en Occident le réceptacle de la mémoire, lieu de présentation de ce qui a été. Cela fut particulièrement net avec la photographie. Continuellement, elle nous entraîne à reconnaître la chose qui, là, devant nous, déploie soudain sa présence. Pour Balthasar Burkhard, l’image photographique reste comparable à un mystère soudain révélé aux yeux étonnés du spectateur. La monumentalité des formats qu’il emploie systématiquement depuis près de trente ans en atteste. L’œuvre est là, soutenue par le blanc du mur. Elle impose avec autorité sa présence puisqu’elle contraint le spectateur à se confronter aux qualités qui sont les siennes : monumentalité, magnifique traitement du rendu des noirs et blancs, sujets traités comme autant de variations autour du même thème. Chaque œuvre de Balthasar Burkhard se présente sous forme de diptyque, ou comme un ensemble de fragments géométriques d’une même image codifiée par le montage au mur. Torses humains vus de dos, ailes d’oiseaux, gros plans d’escargots où le dur de la coquille répond aux chairs molles du corps, vues des Alpes prises depuis un avion constituent quelques-uns des sujets qu’il aborde tout au long de cette rétrospective. Pour ce photographe inclassable, l’image n’est pas que représentation. Elle indique, pointe, force à s’interroger sur la nature de la chose. Son pouvoir réside dans l’ambiguïté de notre regard toujours prompt à discerner d’autres horizons dans le moindre paysage, dans la moindre courbure d’une aile.

GRENOBLE, Musée de Grenoble et GENÈVE, galerie Blancpain, jusqu’au 14 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : Burkhard ou le mystère de la photo

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