Musée Tinguely, Bâle (Suisse)

Breer : hommage suisse

Jusqu’au 29 janvier 2012

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 17 novembre 2011 - 392 mots

Robert Breer est décédé en août dernier alors que venait d’ouvrir une rétrospective de son œuvre au Baltic de Gateshead au Royaume-Uni, qui prend aujourd’hui ses quartiers dans les espaces du Musée Tinguely de Bâle.

Étonnamment, ce bel ensemble de tableaux, films et sculptures, n’avait pas encore trouvé, à l’heure de son inauguration en octobre dernier, de partenaire américain pour célébrer le parcours de cet artiste né en 1926. La mère patrie de Breer semble rester pour l’instant insensible à son charme génial.

La halte suisse se fait quant à elle en toute logique, puisque Robert Breer avait filmé L’Hommage à New York de Jean Tinguely en 1962, scellant une amitié initiée à Paris en 1955. L’espace d’exposition dévolu à Breer se trouve alors logiquement adoubé par l’extravagante machinerie, grinçante et tournoyante d’une Méta-Harmonie réalisée en 1987 par le maître suisse. Face à cette « animation » intempestive, les fameux Float de Breer évoluent entre grâce et pénibilité. Car ses sculptures aux formes minimales sont mues d’un étrange vitalisme, elles « flottent » ainsi à la surface du sol, dessin perpétuel embusqué qui relativise la place du spectateur et son sacro-saint point de vue. Comme toujours, on ne saurait que trop recommander de passer par la mezzanine pour se laisser captiver par ce ballet gracile.

Ce que l’exposition valorise particulièrement, c’est le passé de peintre concret de l’artiste plus connu pour ses films expérimentaux et ses sculptures mécaniques. Ses toiles colorées (la colorimétrie si particulière de certains de ses Float  vert ou brun s’explique alors aisément) laissent échapper des formes qui se jouent du fond autant dans l’espace de l’exposition que sur les écrans. Ces peintures des années 1950 trouvent leur résolution dans les films, les volumes comme libérés, ses « vérités totales » comme disait Breer.

Sachant très bien jouer avec la contrainte de salles d’exposition ouvertes sur l’extérieur, la scénographie réserve un magnifique mur animé de onze films Super 8, « un orage d’images ». Avec un peu de chance, leur allumage simultané réservera un moment d’« agression » rétinienne comme Breer savait les travailler. Ultrarapide, cliquetant, son cinéma est l’exact inverse rythmique de sa sculpture qu’il se plaisait à qualifier de « Super-SloMo » pour super ralentie, une complicité magnifiquement rendue par l’exposition.

Voir « Robert Breer. (Almost) Everything Goes ! »

Musée Tinguely, Paul Sacher Anlage 2, Bâle, www.tinguely.ch

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°641 du 1 décembre 2011, avec le titre suivant : Breer : hommage suisse

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